24 Heures de Francorchamps … depuis … 1922 !

Bob d’Automag    2017-07-23 11:32:22   


Le circuit de Spa-Francorchamps est situé dans la province de Liège en Belgique. Il accueille chaque année le Grand Prix de Belgique de Formule 1 et la course d’endurance des 24 Heures de Spa, ainsi que d’autres courses nationales et internationales.

Trois Alfa Roméo à l’attaque lors de l’édition de 1930.

Aux temps héroïques, fin XIXe début XXe siècle, en plein dans la mouvance industrielle, la province de Liège participe à l’essor des "voitures sans chevaux". On y compta jusqu’à 35 marques d’automobile, 41 de motocyclettes !!

Un circuit pour la sécurité.

A Spa, dès 1896, eut lieu une exposition d’autos, à l’hôtel de l’Europe, mais aussi la première course de côte à Barisart, et la course en ligne Spa vers Bruxelles, sur des routes n’ayant souvent de carrossable que le nom. Très vite, les notions de sécurité et de contrôle firent naître l’idée de circuit : celui des Ardennes est né, en

1902, qui disparut cinq ans plus tard.

Au lendemain de la première guerre mondiale, dans l’esprit des autorités locales, le baron Joseph de Crawhez (bourgmestre de Spa) et du pilote Henri Langlois, germe l’idée d’un circuit dans la vallée de l’Eau rouge, désormais débarrassée de ses postes de douane belge et allemand. Reliant Stavelot, Malmedy et le village de Francorchamps, sur les hauteurs de Spa, dans le sens contraire à celui, actuel, des aiguilles d’une montre, il est inauguré le 12 août 1921 par une course motocycliste. Première d’une longue série, celle des autos a été annulée, faute de combattants, un seul concurrent s’étant inscrit !

En 1922, le premier Grand Prix de Belgique est une course d’endurance de 24 heures pour voitures de sport. Vainqueurs, sur 603,2 km, un équipage belge, de Tornaco-Bruyère, respectivement pilote et mécano, sur une voiture belge, Impéria-Adabal à la moyenne de 88,9 Km/h.

Les spectateurs étaient déjà nombreux, en chapeau et complètement inconscients du danger, tout comme ces pilotes héroïques, de véritables têtes brûlées, courant en veste de cuir ou salopette, coiffés d’une casquette enfourchant des motos ou des automobiles lancées à toute allure sur ce circuit de près de 15Km de long et aux installations dérisoires.

Les aménagements au fil du temps reflète l’esprit des concepteurs d’en faire un circuit rapide. Ainsi le virage en « U » de l’ancienne douane est remplacé en 1939 par un virage plus court et plus rapide, le Raidillon de l’eau rouge, le plus célèbre virage du circuit.

C’est un des circuits préférés des pilotes en raison de la variété de son tracé dans le relief des Ardennes belges qui permet aux pilotes de mettre leur talent en valeur. On le surnomme parfois le « toboggan des Ardennes ».

"L’automobile est née pour évoluer dans des sites naturels", écrivait Paul Frère pour la première édition de "Spa-Francorchamps". Gentleman pilote, journaliste, véritable penseur de l’automobile, Paul Frère était la personnalité la plus adéquate pour préfacer une chronique dont lui-même a écrit quelques hauts faits : en 1951, il signait une cinquième place au Grand Prix de Formule 1, devenant le premier Belge à marquer des points dans ce championnat du monde. Et, en 1956, Paul Frère était deuxième de l’épreuve remportée par son coéquipier chez Ferrari, Peter Collins avant de remporter, en 1960, tant le Grand Prix de Spa que les 24 Heures du Mans.

L’historique du tracé.

Le Raidillon de l’eau-rouge en 1953.

Le tracé ancien quitte le tracé actuel aux « Combes » où la piste continuait tout droit pendant quelques centaines de mètres avant le virage à gauche des « Combes » qui ouvre la longue descente de Burnenville. Celle-ci se termine par un long virage à droite extrêmement rapide qui lui-même donne sur le virage de Malmedy.

Champagne pour Paul Frère, Gentleman pilote, journaliste, véritable penseur de l’automobile.

En 1970, pour le dernier Grand Prix de Belgique sur l’ancien tracé, on y installa une chicane pour ralentir un peu les Formule 1. Après Malmedy, les bolides devaient négocier la longue ligne droite de Masta avant d’aborder à la vitesse maximale, le « S » de Masta, rapide et dangereux à cause des maisons qui bordent la piste.
Après le S de Masta, les pilotes devaient négocier une autre ligne droite, appelée « Holowell » par les anglophones (du nom du pilote motocycliste Bill Holowell qui y trouva la mort), avant d’aborder le virage de Stavelot. Ce dernier est initialement un virage assez serré quasiment aux portes de la ville de Stavelot mais par la suite, on crée une nouvelle portion de piste plus courte avec un virage moins serré et légèrement relevé permettant une vitesse de passage plus élevée. Cette modification fixe la longueur du tracé à 14,120 km. Après Stavelot, la piste se dirige vers la Carrière puis Blanchimont et la partie actuelle du circuit par une série de virages rapides bordés d’un côté de talus et de l’autre de ravines. Le tour se termine par l’épingle très serrée de « La source », l’endroit le plus lent du circuit.

La BMW 2000 TI arrêtée au stand lors des 24 Heures de Spa-Francorchamps en 1966.

Au fil du temps, les vitesses atteintes par les voitures rendent le circuit de plus en plus dangereux pour la sécurité des concurrents. Ainsi, Jackie Stewart devient un adversaire acharné du circuit depuis son accident à Burnenville en 1966.
Dan Gurney avait l’habitude de dire de ce circuit qu’il « différenciait les hommes des petits garçons ». En raison de problème de sécurité, le Grand Prix de Belgique n’est pas disputé en 1969. Les F1 reviennent une dernière fois sur l’ancien Francorchamps en 1970 et le GP est remporté par Pedro Rodriguez sur une BRM P153.

Durant les années qui suivent, le circuit est encore le théâtre de courses de Sport-Prototypes, les 1 000 km de Spa. Au cours de l’édition de 1973, le Français Henri Pescarolo, sur une Matra 670B, établit le record de vitesse du circuit dans sa configuration ancienne et le record mondial de vitesse sur circuit « routier », à savoir un tour en 3 min 13s 4, à la vitesse moyenne de 262,461 km/h. Mais cette année-là les accidents mortels de Joisten, Dubos et Larini lors de la course des 24 heures conduisent à une redéfinition partielle du circuit.

La Matra 670B dans le virage de Burnenville en 1973 ... c’était "à fond" !

L’ancien tracé est définitivement abandonné en 1978.

Circuit actuel.

Le circuit utilisé actuellement a été modifié à diverses reprises et est dorénavant un circuit permanent de 6,947Km de développement. Il s’agit toujours d’un circuit très rapide et vallonné, reprenant une partie de l’ancien tracé, qui présente des caractéristiques appréciées par les plus grands pilotes mondiaux des différentes catégories et où les bolides peuvent toujours dépasser les 320 km/h.

Spa-Francorchamps est également célèbre pour ses caprices météorologiques. Régulièrement, le circuit se trouve différemment exposé selon les secteurs, par endroits sec et stable tandis que d’autres parties sont humides et glissantes.

D’octobre 2006 à mai 2007, le circuit a été modernisé et sa sécurité améliorée. Il a vu la construction de nouveaux stands F1 aux normes FIA, la modification de la chicane avec son accès aux stands, l’allongement et élargissement de la ligne de départ F1, l’aménagement d’un dégagement à l’épingle de « La Source », la modification de la sortie des stands qui se fait maintenant après l’épingle de la Source dans le haut de la descente qui mène au virage de l’« Eau rouge », la création et l’asphaltage de nombreux dégagements, ainsi que la construction de nouvelles tribunes.

L’équipage Chavan - Detrin - Demuth remporte les 24 Heures en 1976 sur cette BMW CSL 3.0
Eau Rouge.

La partie la plus célèbre du circuit est le Raidillon de l’Eau Rouge où le défi des pilotes est de négocier cet enchaînement à fond. Jacques Villeneuve a souvent clamé haut et fort qu’il osait franchir le raidillon pied au plancher. Il l’a prouvé en 1996 en signant la pole position mais est en revanche très violemment sorti de piste à cet endroit en 1998 et 1999. Cinq ans avant lui, Alessandro Zanardi avait lui aussi été victime d’un gros accident dans le raidillon et avait dû se tenir à l’écart des circuits pendant quelques semaines.

Francorchamps continue de déchaîner les passions, "son tracé reste celui d’un vrai circuit routier défini par la merveilleuse configuration du site ardennais dans lequel il s’inscrit", dit encore Paul Frère. Disparu le 23 février 2008 à l’âge de 91 ans, il continue de donner une âme à ce lieu où ses cendres ont été dispersées, au Raidillon. Un virage porte désormais le nom de Paul Frère, c’est la roue de la mémoire qui tourne.

Bob d’Automag

LA PARADE DES 24 HEURES de SPA

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