CUBA OLDTIMERS PARADISE !

Jean Van Der Rest    2011-09-18 19:41:30   

Le plus grand musée automobile grandeur nature : CUBA !


Géographiquement, elle est en Amérique centrale. Psychologiquement, dès le premier contact avec l’intérieur, qu’il soit rural ou citadin … c’est le double aspect de son passé qui vous fixe le regard. Où qu’il se pose, c’est lui que l’on rencontre. Datant d’’avant-hier, c’est celui de l’invasion coloniale espagnole avec son patrimoine immobilier, auquel est venu se mêler l’ hier du XXeme siècle, avec sa modernité roulante, son patrimoine automobile. Depuis plus d’un demi-siècle, au lendemain de sa révolution contemporaine, des lois nationales protègent les deux.

Pour l’étranger, acheter une demeure est impossible et exporter une automobile est interdit. Dans le monde belge de l’automobile ancienne on en parle. Beaucoup !

Il paraît que … ! ’’On’’ m’a dit que … ! Je sais que … ! En vérité, ’’ils’’ en savent peu !

Et si l’on pousse la question, c’est pour apprendre, qu’un article, un livre, un film y a touché, le plus souvent de manière séquentielle. Une allusion, un paragraphe, un coup de caméra, dans le corps d’autres sujets. Mais que ce soit par l’écrit, la parole ou l’image c’est comme si ce qui existe là-bas, n’existait pas pour nous, ne méritait pas notre attention. Et cependant, au delà de l’enfance (8 ans) et de nos jouets roulants, nous sommes des milliers à être intéressés par l’automobile ancienne. Quarante pour cent des adultes, visiteurs de nos musées spécialisés, sont accompagnés d’un ou plusieurs enfants : garçons en général.
Peu de questions, mais que de grands yeux devant ce qu’elles étaient. Hier pour les pères qui s’en souviennent et … il doit y avoir très longtemps, pour les ados qui les découvrent. Mais, où sont donc ces belles d’antan ? Quelques-unes sont regroupées sous verrières, quelques trop rares sur nos routes d’été et des milliers, qui découpées au chalumeau au lendemain du dernier conflit, firent le bonheur (voire la fortune) de certains ferrailleurs.

Alors pour - selon l’âge – pour s’en souvenir, les revoir ou les découvrir, vive les collections en miniatures. Au 1/43me le plus souvent. Et pourtant … !

GRANDEUR NATURE ...

Des milliers ont échappé à l’enfer. Elles ont leur paradis. Une grande île sous le soleil des Caraïbes : CUBA ! Quelques-unes sont françaises, italiennes ou allemandes, mais la plupart viennent d’en face. Elles s’appellent : Cadillac, Lincoln, Studebaker, Ford, Chevrolet et autres. Leur point commun : made in USA.

Photos et caméra au poing, Guy MATHIEU en a été témoin tout récemment. Février-mars dernier, accompagné de son épouse, il réalise ce rêve de jeunesse : visiter ce musée géant, vivant et permanent de l’automobile ancienne. Aller sur place, en villes et campagne, voir, conduire et se laisser conduire avec comme objectif : ramener un véritable reportage photographique de cette réalité ambulante. Mais, pas question de formater le séjour d’une couleur politique.

Non ! Il est là pour rencontrer le sujet ’’automobile’’ au plus près. Allez jusqu’à le pratiquer, avec ceux qui ont su conserver et maintenir son utilité quotidienne. Car là-bas, il n’y a pas de verrières de protection. Le musée est dans la rue. Elles roulent tous les jours, toute l’année … depuis un demi-siècle. Depuis plus de 50 ans (1959) le voisin d’en face impose son blocus, jusqu’à interdire à sa propre industrie, l’envoi de pièces détachées en direction de l’île. Alors, obligés, les cubains se sont débrouillés. Avec volonté, capacité, nécessité et passion ils ont fait ce qu’il en est aujourd’hui.
Et tout ça, ça roule Madame !

PREUVES A L’APPUI !

Guy MATHIEU nous a autorisé à publier la preuve que malgré les épreuves de l’âge, les mamies se portent bien. A voir : quelques images dans le présent témoignage, et en reportage plus expansif dans un important diaporama, sur notre site automag.be. Comment un peuple entier a réussi à maintenir en état une telle quantité de véhicules privés, auxquels il faut ajouter une armada d’utilitaires, relève à priori d’une mesure prise par Fidel CASTRO, qui décréta l’automobile, patrimoine national au même titre que l’immobilier. Interdites à la vente, donc impossible de les acheter, d’où l’obligation de maintenir le parc en état de fonctionner, coûte que coûte. Près de 40 arrêtés d’application barraient la voie à toute tentative de contourner cette orientation.

Mais c’est un autre aspect de comportement populaire que Guy MATHIEU a découvert sur place. Le cubain bouge, se déplace.
Sur de courtes distances, mais souvent. Quotidiennement dans les grands centres urbains. Et, pour quelques pesos cubains (à ne pas confondre avec le celui convertible des touristes), il va traverser La Havane d’Est en Ouest, non pas en taxi, mais en accompagnement d’un propriétaire de voiture. Car, si les transports en commun, trains, cars et bus assurent des distances plus éloignées, ce sont en fins de journées, les sorties de villes qui deviennent - pour les possesseurs d’une voiture - d’importants points de prises en charges de travailleurs rejoignant leurs domiciles. Non, nous n’avons pas inventé le co-voiturage ! Il se pratique là-bas depuis près de 50 ans et son apport quotidien aide les possesseurs, quant à l’entretien de leurs véhicules. A l’écart des grands axes de circulation urbaine, il n’est pas rare de voir une réparation être assurée en bordure du trottoir à midi et d’y trouver place libre à la tombée du jour. Car depuis plus d’un demi-siècle, elles roulent, encore et toujours.

Anecdote. C’est à bord d’une confortable Chrysler 1953, qui les ramenait à l’aéroport, que posant la question de savoir combien de kilomètres celle-ci avait au compteur, notre couple s’entendit répondre : "milionesss senior !"

C’est bien à juste titre, que Cuba tire fierté d’être devenu le paradis terrestre de l’automobile ancienne. Mais, pour combien de temps encore ?

Guy MATHIEU nous confirme que les rumeurs qui circulaient sur l’île en mars dernier semblent se préciser. Août 2011, le gouvernement cubain préparerait un assouplissement de la législation patrimoniale, qui interdisait formellement la vente et l’achat de ces automobiles d’avant 1959. Collectionneurs, à vos marques !

Jean Van Der Rest

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