Interclassics Maastricht : 25 ans de fascination

Benoît Piette    2018-01-25 15:42:10   

Les organisateurs ne se sont pas trompés : près de 34.500 visiteurs ont arpenté les allées de cette bourse très « select », ce qui constitue un record pour cette 25ème édition ! Par rapport au dernier record qui date de 2016, il y a eu pas moins de 5000 visiteurs supplémentaires.


Pour rappel, l’année 2017 a été une petite année suite à l’abondance de la neige sur les routes et les difficultés d’accessibilité qui en ont résulté.


En plus du caractère inhabituel de cette exposition, celle-ci revêtait pour les habitués de l’Interclassics un soupçon de nostalgie des années précédentes…


Au gré des stands, des voitures assez exceptionnelles montraient le bout de leur capot ‘polishé’ avec soin. Les énumérer toutes est au dessus des forces de votre serviteur !

Toutefois, certaines raretés méritent que l’on s’y attarde, histoire qu’elles ne sombrent pas à nouveau dans l’oubli. Je laisserai donc à Guy le soin de vous rappeler les voitures qui ont marqué les précédentes éditions et me focaliserai sur certaines marques britanniques aujourd’hui oubliées

Marendaz

Connaissez-vous la marque Marendaz ? Dans l’entre-deux-guerres, cette marque britannique a produit des voitures à tendance sportive pendant une dizaine d’année.


La DMK Marendaz Ltd a été fondée à Londres en 1926 par un ancien pilote de la RAF, le capitaine Donald Marcus Kelway Marendaz. Cette marque a d’abord construit des voitures légères avant de changer de nom en 1932 pour devenir la Marendaz Special Cars Ltd size à Maidenhead dans le Berkshire, à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Londres.

Ce changement de nom sera aussi l’occasion de réorienter sa production vers des voitures plus sportives au châssis surbaissé reconnaissables à leur radiateur assez similaire à celui des Bentley.


Toujours dans la même année, et après avoir battu un record mondial à Montlhéry, la marque équipa ses voitures d’un moteur six cylindres de 1869 cm³ de marque Continental dénommé 13/70 de 70 chevaux.


La Marendaz Special exposée à Maastricht, une Sports Tourer 13/70, a été construite en 1933. Elle est propulsée par ce petit six cylindres et est déjà équipée de freins hydrauliques alors que la majorité des véhicules de l’époque disposaient encore de freins à câbles.


Après avoir construit un moteur de 2,5 l (baptisé 17/97) la firme se tourna vers des moteurs Coventry-Climax de 2,0 l qui pouvaient recevoir un compresseur. Cette nouveauté n’a pas empêché la fermeture de l’entreprise en 1936.

Invicta

Autre marque britannique célèbre chez les connaisseurs, l’Invicta : attention trois marques ont déposé ce nom au Royaume Uni !
En outre, telle un phénix, celle qui nous intéresse a disparu à plusieurs reprises : initialement fondée par N. Macklin et J.G. Parry Thomas à Cobbham dans le Surrey en 1925, la plupart de leurs voitures étaient propulsées par des moteurs Meadows.
Ce sous-traitant situé à Wolverhampton dans le West Midlands fournissait des moteurs et des transmissions aux petits constructeurs britanniques.


D’abord équipées d’un 2.0 l puis des 3 l et enfin des 4,5 l, les Invicta ont brillé dans de nombreuses compétitions automobiles de l’époque notamment au Monte Carlo en 1930.

En 1927, une Invicta a même réalisé un périple de plus de 16.000 km à travers le monde.


L’Invicta exposée à L’Interclassics est une Straight Six 4.5 l de 1929. Pilotée en 1929 par A.C. Saunders Davies et C.W. Fiennes, elle a participé au Mans ainsi qu’au Brooklands Double Twelve. Son moteur de 4453 cm³ développe 120 ch.


Sa carrosserie de type Weymann lui permet de ne peser que 1,4 T…


En 1933, la firme se déplace à Chelsea dans l’agglomération londonienne, mais l’atmosphère de la capitale ne lui est pas très propice car elle disparaît en 1938… pour renaître après les hostilités avec la Black Prince , fabriquée à Virginia Water dans le Surrey (Sud-Ouest de Londres).

Invicta - Black Prince - 1946
© http://auta5p.eu


Embarquant une technique très évoluée et donc très chère (boîte automatique révolutionnaire, suspension à roues indépendantes avec barre de torsion, chargeur de batterie, radio, etc…), cette voiture est propulsée par un moteur Meadow de six cylindres 3 litres à double arbre à came en tête développant 120 ch à 5000 rpm.
Hélas elle n’a pas rencontré beaucoup de succès et en 1950, la firme Frazer Nash racheta l’entreprise.

Pour être complet, signalons qu’en 1989, la Invicta Motors Ltd a été crée en vue de la restauration des voitures éponymes d’avant-guerre et au début des années 2000, ce nom ressurgit avec la S1 construite par Invicta Car Company Factory à Chippenham, dans le Wiltshire.

Alvis

Restons en Anleterre avec Alvis, cette marque vous est certainement plus connue : créée à Coventry dans le Warvickshire en 1919 par Thomas George John (T.G. John), elle s’était spécialisée dans la sous-traitance pour divers ateliers mécaniques.

Puis, sous l’impulsion d’un industriel spécialisé dans l’aluminium G.P.H de Freville, la firme créa son premier véhicule en 1920, la 10/30 hp dont le quatre cylindres de 1460 cm³ avait la particularité d’être équipé de pistons en aluminium.

Rapide, elle frisait les 100 km/h et disposait déjà d’une boîte à quatre rapports. Cette première avait déjà tout l’ADN des futures Alvis à savoir « Hight quality, long life and better-than-average performance ».


De construction soignée, elle fut bien accueillie par le public mais elle était chère… Grâce à l’arrivée de George Thomas Smith-Clarke, ancien ingénieur de chez Daimler, la marque au triangle rouge produisit d’excellentes voitures de cylindrée moyenne à la fois rapides et robustes qui participent brillamment aux compétions automobiles de l’époque.


La voitures présentée est une Special 4.3 l de 1936.


Son moteur de six cylindres en ligne de 4,3 litres a été révisé récemment et fournit environ 175 ch. Pour apaiser la fringale de son moteur, elle dispose d’un réservoir de 100 l !

Alvis et la traction avant

A partir de 1924, Alvis se lance dans la construction de quelques voitures de course à traction avant, chose rare à l’époque. Toujours dans la catégorie des 1500 cm³, elle produisit des quatre et même des huit cylindres à deux arbres à cames en tête avec ou sans compresseur. Avec leur carrosserie en aluminium, elles pointaient  facilement à 160 km/h.

En 1928 Alvis engagea deux voitures aux 24 du Mans qui se classèrent respectivement sixième et neuvième au classement général.
Premiers dans la catégorie 1500 cm³, les Alvis atteignaient une moyenne de 95 km/h alors que la Bentley gagnante avec sa cylindrée trois fois plus élevée ne faisait que 111 km/h (J.A Grégoire, 50 ans d’automobile).

A l’orée des années 30, la traction avant est abandonnée car sa construction s’avérait compliquée et onéreuse et pouvait mettre à mal la légendaire robustesse de la marque.
Moins de 150 tractions avant ont été produites durant cette période.


Depuis sa fermeture en 1967, une société, Red Triangle a été fondée avec d’anciens travailleurs d’Alvis. Elle propose depuis cinquante ans un service unique de pièces et de restauration pour les voitures Alvis, basé sur la qualité, l’authenticité et le service à la clientèle.

SS

Toujours chez sa Gracieuse Majesté voici une concurrente d’Alvis : la SS (Swallow Sidecar Company).

La voiture exposée est une SS 1 Airline Saloon de 1935. Cette ligne particulière est due à l’influence de William Walmsley (l’associé de William Lyon). Elle met en évidence l’Art Déco caractéristique de l’entre deux guerres.


Ce coupé de près de 1,4 T est propulsé par un six cylindres de 2.5 l développant 70 ch, ce qui lui permettait d’atteindre les 130 km/h.


Rappelons que la Swallow Sidecar Company a débuté par la fabrication de sidecars à Backpool en 1921, puis en 1927, des voitures légères sur des châssis d’Austin ou de Fiat.
Un an plus tard, elle déménage pour Coventry et la première SS 1 apparaît en 1932.


En 1945, la firme change de nom pour Jaguar Car Ltd pour des raisons faciles à comprendre…

Riley 9/16 hp "Big Four Special" - 1936

Rendez-vous l’année prochaine : la 26 édition de l’Interclassics Maastricht aura lieu du 10 au 13 janvier 2019, qu’on se le dise !

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