Legend Boucles de Bastogne 2015. En "classic" la bagarre a été terrible aussi !

Raymond Collignon    2015-03-12 13:21:17   

Legend boucles de Bastogne 2015.


En "classic" la bagarre a été terrible aussi !

Photo : Nicolas ORBAN

On a tendance, aux nouvelles "Boucles de Bastogne" comme d’ ailleurs c’était déjà le cas à Spa, à ne s’intéresser qu’aux "Legend" qui, il est vrai, font le plus beau spectacle et drainent une grande foule idolâtre de ces spécialistes de la glisse. Il ne faut cependant pas en oublier la catégorie "classic", plus subtile au niveau de la règle et majoritaire en nombre au départ. Elle anime à sa manière le rallye, les concurrents s’y bagarrant à couteaux tirés tout au long des spéciales pour respecter à tous moments les moyennes imposées !

Ce jeu difficile attire maintenant quelques vedettes qui viennent là chercher le même plaisir à moindre coût en parcourant les spéciales identiques en pouvant cependant y aligner des voitures moins affutées, même si tout est relatif… De plus, si les "légend" peuvent reconnaître le parcours en deux passages sans parler des tricheurs, les "classics" doivent rouler en "secret" ce qui ajoute évidemment un peu de piment à l’histoire… Ayant engagé la BM 2002TI Alpina, ex Brunninghausen du Team Automag, nous roulons dans cette catégorie dans laquelle nous nous étions bien défendu il y a deux ans.

Photo : Philippe LAMBRETTE

Vendredi 20 février. Un prologue de nuit secret.

Bertogne, le "chemin des rouges terres", 7,12 kms de forestière de nuit et en secret. Pas mal pour un début ! Jean Caro, au commandes de ces boucles a décidé de faire courir cette première spéciale secrète dans le style "RAC" De simples flèches sur les arbres indiquent les directions et les pièges mais tout est en glisse et en surprises.

Photo : Philippe LAMBRETTE

Cette étape majoritairement sur terre est superbe de nuit. Les sapins bordent les chemins sans fossés, la terre n’est pas trop cassante, en tous cas lors de ce premier passage. Pour nous cela démarre mal, nous roulons sans instruments de navigations qui ont refusé de démarrer au départ… Le classement donne l’ordre de départ du lendemain, ce sont les "vedettes" Reuter et Vandevorst sur leur célèbre 914 jaune qui mènent la danse devant trois Kadett GTE très affutées. Les quarante premier sont dans un mouchoir, une dizaine de secondes les séparent, nous en avons pris neuf.

Samedi 21 février …un mini RAC à l’ancienne !

Les conditions climatiques sont bonnes, un peu de pluie mais pas de neige… Dans un embouteillage monstre sur la place MC Auliff, le départ est donné. Bastogne n’est pas Spa et la jolie cité commerçante a du mal à s’adapter à ces envahisseurs d’un autre style que ceux qu’elle a connus il y a septante ans lors de la bataille des Ardennes ! Le rallye se joue uniquement en spéciales. Dès le départ, on comprend que cela serait dur, surtout pour les mécaniques. Beaucoup de terre, du plaisir, des jumps, de la navigation, des contrôles de passage en « stop and go », un fameux mélange de plaisirs et de pièges…

Photo : Philippe LAMBRETTE

L’étape de "Boeur Visoul" nous met dans l’ambiance, ne prenant que trois secondes, nous remontons d’un coup d’une vingtaine de places malgré un bruit inquiétant dans le pont arrière. Les Porsche, Volvo et autres Opel se tirent la bourre avec panache dans ces forestières aux noms ronflants fleurant bon, mais sans l’égaler la "divine Clémentine". "Mandarine" est quasi 100/100 terre, c’est un mini "Rac" rappelant les grandes spéciales anglaises de "Kilder Forest" que j’ai parcourues en 1979 en Datsun Sunny avec Philippe Schadeck.

RAC Lombard Rally 1979 - Datsun Sunny - Raymond COLLIGNON - Philippe SCHADECK
"Kielder Forest" en Datsun Sunny, l’originale ayant inspiré Jean Caro... je partageais au Rac 1979 le volant avec mon ami le regretté Philippe Schadeck, on avait quand même terminé ce rallye de quatre jours sans beaucoup dormir bien classés devant une brochette de LANCIA A 112 Abarth, dont un certain Bettega menait la danse...souvenirs, souvenirs !

Ici c’est évidemment plus court, mais l’esprit y est : entre landes et forets, grandes courbes, épingles, vallons, on se croirait au sud de l’Ecosse, grands souvenirs d’une autre époque ! Après une escapade vers Saint Hubert nous retournons vers Bastogne en parcourant à nouveau les étapes de terre de plus en plus cassantes. Notre BM émet un bruit de plus en plus alarmant dans le pont arrière. Après un petit contrôle mécanique à Bastogne, nous décidons de continuer, à fond les manettes, la BMW commence à se mettre de travers dans tous les sens, l’autobloquant se meurt et , cerise sur la gâteau, nous crevons un pneu arrière à la fin d’une spéciale.

On termine quasi sur la jante mais, bien aidé par une assistance amie, nous pouvons réparer. En repartant, nous constatons que les claquements à l’arrière deviennent de plus en plus sinistres. Nous envisageons d’abandonner mais, poussés en avant par on sait quelle force, nous continuons en remontant vers le Nord et la région spadoise.

Photo : JM PITZ

Stoumont, Bodeux Stavelot, le retour aux sources…

Quoi qu’on en dise les boucles ne seraient pas les Boucles sans les mythiques spéciales de Rahier-Chevron et Bodeux. La descente de Chevron vers la Lienne reste un grand moment sur des routes hyper glissantes. Les sorties de routes deviennent plus nombreuses et font plus mal les Italiens Olivieri et Radaelli qui jusque là faisaient uns course superbe, plantent leur belle Anglia dans un ravin, d’autres sortent à gauche et à droite, sans trop de mal, mais pas pour les voitures !

Photo : Philippe LAMBRETTE

Notre BM en glisse partout finit, au bout du rouleau, par casser son pont dans la remontée vers Rahier dans un grand fracas métallique. C’est l’abandon, cela nous vaudra une longue attente sous les bourrasques de neige avant que l’on vienne enfin nous "secourir" à la "ficelle". Pour les autres qui n’ont pas abandonné, le rallye se termine en une sorte d’apothéose… encore une fois Stoumont, deux fois Bodeux, du monde, du spectacle, du plaisir ! Au total le rallye parcourra plus de 167 kms de spéciales bien dans l’esprit des Boucles à l’époque où Alphonse Delettre traçait son rallye autour de Spa.

32 secondes entre les cinq premiers un bel exploit !

Entre la Porsche de Bertloot et la Volvo de Gengoux-Gathy classée cinquième il y a seulement trente deux secondes à l’arrivée après que l’on ait vérifié tous les calculs. Quand on sait à quel point ce rallye a été dur (50 % de classés), on ne peut qu’être admiratifs devant ces vrais sportifs qui ont été au bout sans encombres et avec panache. Soulignons la belle deuxième place de la Renault 5 Alpine de Piraux-Monard et les remontées des deux BM de Lambert-Manchel et de Van Peer–Chapel qui complètent finalement avec la Volvo de Gengoux-Gathy ce très beau Top Cinq. Dommage qu’une fois de plus des problèmes de classements soient survenus en dernière minute, c’est une maladie chronique des boucles dont il faudra qu’elles se guérissent une fois pour toute !

Un déménagement qui n’a pas tout à fait, fait perdre son âme au rallye.

Certes on pourra toujours regretter la divine Clémentine, Ster et les autres spéciales des boucles. L’inimitable ambiance spadoise manquait un peu aussi, mais l’ouverture vers Bastogne a permis par contre de découvrir de très belles étapes forestières dont on ne peut plus trouver l’équivalent "ouvert par les eaux et forets" du côté spadois. Les autorités politiques locales sont certainement pour quelque chose dans cette possibilité d’accès à cette sauvagerie dont la région regorge. Spa y a perdu, Bastogne y a gagné, c’est la règle d’un jeu subtile dont on ne connaît pas toutes les règles. L’idée de continuer à venir lécher au sud les régions spadoises n’est certainement mauvaise. Jean Caro et Pierre Delettre l’ont compris, c’est en n’abandonnant pas tout à fait ses racines que l’épreuve gardera son âme, ce que tout le monde souhaite évidemment car nous avons vécu un vrai rallye à l’ancienne dont, bizarrement, les rallyes modernes commencent à s’inspirer, n’est ce pas là la recette du succès ?

Raymond Collignon.

BONUS :
Voici un court métrage amateur filmé avec une caméra 8mm lors du Lombard RAC Rally 1979 à Comb dans le lake district. A 9:54 l’on peut apercevoir la DATSUN Sunny de notre reporter Raymond COLLIGNON & Philippe SCHADECK :-)

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