Les Cyclecars à l’honneur à l’Interclassics Brussels (seconde partie)

Benoît Piette    2018-01-06 23:57:23   

Après la Grande Guerre, une certaine démocratisation de la voiture voit le jour.
De même, les courses automobiles se disputent un peu partout et bien évidemment, les cyclecars font parler d’eux dans des courses prestigieuses comme le Bol d’Or ou même Le Mans où quelques marques se livrent un duel sans merci dont notamment Salmson, Amilcar et d’autres constructeurs moins connus mais tout aussi intéressants comme Morgan, BSA, D’Yrsan, etc...


La Société des Moteurs Salmson (SMS) est surtout connue pour avoir fabriqué des automobiles entre 1921 et 1957. Fondée en 1890 et située rue Point du Jour à Billancourt, cette firme fabriquait depuis l’avant guerre des pompes et d’excellents moteurs d’avion et dès 1916, des avions.

Sa réputation est telle qu’elle même créé une usine à Moscou. Son fondateur, Émile Salmson, décède en 1917 et c’est seulement en 1921 que la marque éponyme entame sa reconversion en se lançant dans la construction sous licence des cyclecars britanniques du constructeur GN (1910 - 1925).

Mais progressivement, Salmson s’affranchit grâce à la venue de l’ingénieur Émile Petit qui deviendra le père des Salmson notamment avec les types AL, VAL, GS, GSS et GSC qui lui permettront de gagner entre 1921 et 1928 pas moins de 550 courses automobiles et battre 10 records mondiaux.

Les Salmson étaient reconnaissables à la croix de St André disposée sur la calandre du radiateur. Leurs moteurs, limités à 1100 cm³ disposaient déjà d’un double arbre à cames en tête.

Ici un Salmson VAL3 du début de 1926. Ce cabriolet deux places est doté de vitres latérales qui se glissent dans les portières, un peu à la manière des trains. Son quatre cylindres de 1087 cm³ développe ici 20 ch à 2400 rpm.

Voici un cyclecar Salmson GS8 de 1928. Il dispose du même moteur de 1087 cm³ développant ici une quarantaine de chevaux, ce qui lui permettait de pointer facilement à 130 km/h.

Sa carrosserie "souple" est réalisée en bois tendue de moleskine suivant le brevet Weymann.

En 1929 , Salmson fermera son département course mais diversifiera sa gamme en fabriquant des automobiles à tendance sportive jusqu’en 1957 .

Aujourd’hui, le nom de Salmson est toujours connu comme fabricant de pompe à eau qui a été sa première orientation depuis 1890.

Sa dernière production, le coach Salmson 2300S s’est illustré dans de nombreuses épreuves automobiles dans les années 1950 comme la coupe des Alpes, le Liège-Rome-Liège, le Monte-Carlo et le Milles Miglia ou le Tour de France.

Voici un Bignan AL22 de 1922, construit sur base d’un châssis Salmson. Ce petit constructeur français de Courbevoie a construit des cyclecars sous licence Salmson. Suite à des problèmes financiers, la firme a cessé ses activités en 1928.

La Société Amilcar est nettement plus jeune : fondée à St Denis, en banlieue parisienne, elle a fabriqué des véhicules de 1921 à 1939.

Son nom n’a rien à voir avec Hamilcar Barca le père de Hannibal, le célèbre général carthaginois des guerres puniques : plus prosaïquement, il est une anagramme assez imparfaite de ses deux fondateurs, à savoir Joseph Lamy et Émile Akar .

Amilcar CC - 1921
Carrosserie Ch. Mathieu à Montélimar

Éternels rivaux des Salmson, les modèles les plus connus sont les CC, CGS et CGSS ou encore C6 .

Voici un Amilcar CC Skiff de 1923 admirablement restauré. Sorti de l’usine sous forme de châssis nu, il a été habillé d’une carrosserie en bois appelée « Skiff » qui rappelle celle des runabouts d’il y a plus de 100 ans.

Voici un splendide Amilcar CGSS de 1927. Version surbaissée du CGS (pour Châssis Grand Sport) apparue en 1926, elle est équipée d’un quatre cylindres de 1074 cm³ développant 38 ch ce qui était suffisant pour friser les 140 km/h.

Environ 4700 CGS et CGSS ont été produites entre 1923 et 1929.

L’Amilcar C6, lancé en 1927 est propulsé par six cylindres en ligne de 1100 cm³ à double arbre à cames en tête et à compresseur de type Roots développant 62 ch à 5600 rpm qui lui permettait d’atteindre facilement les 165 km/h.

Disposant d’un vilebrequin à sept paliers et d’un graissage à carter sec, ce moteur peut facilement supporter des rotations de 6500 à 7000 rpm ! (il y a 80 ans de ça !). En voici un exemplaire dans son jus. Il a appartenu au pilote français Maurice Trintignan alias « Pétoulet » .

A partir des années 30, la firme veut diversifier ses véhicules mais sans grand succès et elle vivotera jusqu’à sa reprise en 1937 par Hotchkiss . La dernière Amilcar, la Compound est une petite traction avant conçue par Jean Albert Grégoire.

Amilcar Compound - 1939

Voici un BNC de course de 1927 équipé d’un moteur pourvu d’un compresseur Cosette.

L’ingénieur Lucien Bollack et le financier René Netter créent la société BNC (Bollack, Netter & Cie à Levallois-Perret) en 1923.

BNC 527 "Grand Sport"- 1927
BNC = "Bollack & Netter Compagnie"

Propulsés généralement par des moteurs Ruby et Chapuis-Dornier avec compresseur Cosette , elles brillent également dans les courses notamment avec les modèles H et 527.

En proie à des difficultés financières notamment suite à la récession mondiale de 1929, la firme BNC ferme définitivement ses portes en 1931.

Le pilote de course et aviateur Robert Sénéchal a fabriqué quelques cyclecars entre 1921 et 1929 dont cette TS4 Grand Sport de 1924. Les moteurs provenaient de souvent de chez Ruby puis à partir de 1925 de chez Chenard & Walker .

Ses voitures se sont distinguées dans des courses comme le Bol d’Or.

En Angleterre et beaucoup plus connu, voici un cyclecar de marque Morgan.
Cette vénérable marque fondée en 1910 et établie à Malvern Link dans le Worcestershire existe toujours (voir https://www.morgan-motor.co.uk).

Jusque 1939, elle n’a produit que des tricycles qui ont été importés puis reproduits par la firme française Darmont .

Ce tricycle est un concurrent du Morgan Aero ci-avant. Pesant à peine 290 kg, ce Sandford GS de 1927 pointait à 140 km/h. Comme indiqué sur la calandre, il est équipé par un moteur Ruby 4 cylindres de 1100 cm³ et dispose d’une transmission à quatre vitesses, chose rare à l’époque.

Et voici pour finir un D’Yrsan de 1928 équipée d’un compresseur "Cosette".
D’abord sur trois roues puis sur quatre, ces cyclecars ont une lignée assez “aristocratique” : le Marquis Raymond de Siran de Cavanac , un touche à tout de génie, se lance dans la fabrication de cyclecars reconnaissables à l’Y appliqué sur le radiateur de la calandre.

Fabriqués à Asnières, ses cyclecars bénéficiaient de systèmes de suspensions à roues indépendantes de démontage ‘rapide’ de la roue arrière protégés par des brevets déposé en 1924.

Comme beaucoup de marques à l’époque, ils étaient propulsés par des moteurs Ruby . Réputés, les tricycles D’Yrsan ont eu une clientèle fidèle en Angleterre, pourtant chasse gardée des Morgan…

Cette voiturette qui a fait partie de la collection Pozzoli a participé à de nombreuses courses jusqu’en 1933. En 1932, elle a participé au GP de Spa mais son équipage dut abandonner suite à un sabotage…

NIHIL NOVI SVB SOLE !

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