Les « classic » font aussi la légende ! (Boucles de Spa 2013)

Raymond Collignon    2013-02-28 22:06:38   


Les « classic » font aussi la légende !

François Duval, Yves Bozet ( le docteur fou) et Marc Duez au départ Tout le monde est confiant…

Tant d’articles ont été écrits sur la catégorie « Légend » qu’il est plus que temps de parler un peu des « classic », catégorie dans laquelle s’étaient quand même engagés près de 200 équipages, majoritairement de très bon niveaux et généralement constitués de passionnés sportifs qui méritent largement l’attention du public. En effet, alors que la catégorie Légend a droit à des reconnaissances les classics doivent rouler à vue sans notes tout en respectant à tout moment la moyenne imposée variant entre 45 et 50Km/H . Les « légendes » ont des moyennes plus élevées, de l’ordre de 70/ 80 km/h, à respecter mais cette obligation s’applique à l’ensemble de la spéciale, sans prises de temps intermédiaires ce qui fait une fameuse différence car si les « classic » doivent quelques fois lever le pied dans les tronçons « faciles », ils sont souvent forcés d’aller à fond dans les parties sinueuses où respecter le 50 frôle parfois l’exploit, surtout que l’organisateur ne manque jamais d’y mettre, en plus des contrôle de passage humains, des prises de temps au vol où il faut passer à l’heure ! Equipiers et pilotes sont donc plus largement mis à contribution dans cette catégorie….

BILSTAIN un tourniquet boueux apprécié du public.

La BM dans Bilstain avec l’Ascona de Van Rompuy "à couteaux tirés" mais elle n’aimait pas cela, grandes roues pour l’Ascona, petites roues pour la BM, toute la différence !

Nous avons engagé la BM 2002TI Automag/ garage passion retrouvant ici ses racines puisque cette voiture en 1969 a participé aux 24H de Francorchamps et au marathon de la route avec, entre autres, Guy Bruninghausen comme pilote propriétaire. Sans aucune reconnaissance, nous nous retrouvons donc samedi au petit jour à Spa. Le plateau est relevé : les Escort BDA, Porsche 911, Lancia Stratos des « légend » côtoient les Ascona, Célica, BM et autres Kadett, Golf et Datsun des classic. L’organisateur nous a attribué le numéro 201, nous ouvrons donc la route des « classic » ce qui n’est, pas un cadeau surtout à Bilstain et à Clémentine qui sont totalement fermés à la circulation.

8H du matin, c’est parti de trente secondes en trente secondes. Nous prenons la direction de Bilstain. Nous ne savons pas du tout ce qui nous attend sinon qu’on devine que dans cette vallée pentue, dévolue en général au trial et autres jeux motocyclistes, on ne peut guère organiser qu’un tourniquet de fous. Et on ne s’était pas trompé, cette « étape très spéciale » est vraiment unique : un grand show tourniquant constitué de virages serrés et de toboggans boueux entrecoupés de chicanes difficiles à repérer ! Notre bavaroise en pneu neige à lamelles apprécie peu l’exercice, contrairement au nombreux public massé sur le parcours. Tapant, frappant, sautant, patinant, glissant dans tous les sens, nous finissons les trois tours de ce carrousel sans gloire, nos pneus ne sont vraiment pas adaptés à ce jeu, le pilote n’apprécie pas tellement non plus. Nous remarquons, pauvres amateurs, que certains nos concurrents, aidés de leurs assistances, jouent eux avec différentes sortes de pneus : « boues » pour Bilstain glaces à lamelles étroits pour Clémentine, plus larges ailleurs sur des tronçons moins terreux !

« La divine Clémentine » digne de la grande époque.

Départ de la divine Clémentine vu du volant, cela va glisser !

Avec une voiture plus lourde de quelques kilos de boue, nous nous retrouvons au départ de Clémentine. Cadeau des écologistes qui se la réservent pour eux seuls, nous avons l’infime honneur de parcourir encore une fois cette « divine clémentine ». Merveilleux souvenirs pour moi, vécus pour la dernière fois en 1981 avec la Datsun I00 A, autres temps mais mêmes conditions, les lieux demeurent, grandioses et sauvages.

Grand souvenir, la Datsun 1600 sss de Nestor Schwanen avec votre serviteur au jump de Clémentine en 1977, de la folie pure !

Classiquement, nous partons de l’ancienne scierie Lange pour monter vers le carrefour Frahinfa. La route de terre est recouverte de neige et de glace, la BM patine mais nous arrivons quand même à temps au contrôle de passage juste avant le carrefour d’où le démarrage en côte est plus que délicat. Après le carrefour « deux fois », c’est du grand plaisir sur le haut plateau neigeux jusqu’à Sol Cress d’où nous dévalons par une route de plus en plus verglacée bordée d’arbres vers les épingles de Marteau à l’arrivée à Spa. Ceux qui aiment ces folies offertes comme autant de cadeaux jubilent, on ne peut imaginer une plus belle expérience pour un pilote de rallye que cette descente… c’est comme un dernier rêve précieux encore miraculeusement préservé à un jet de pierre de nos villes. On en profite au maximum car nous ne passerons qu’une fois dans ce paysage forestier, œuvre de l’homme, qu’il faut maintenant protéger des propres excès de son créateur. En bas, à l’arrivée après la dernière épingle gauche, nous pointons quasi à l’heure, la BM et son pilote sont bien plus à leurs aises ici qu’à Bilstain ! Van Rompuy qui nous suit à trente seconde a l’air particulièrement à son aises aussi avec son Ascona qu’il pilote parfaitement, Verhelle, Holvoet et les autres ne sont pas loin, la lutte est bien engagée en classic aussi…

Glace et arbres dans Clémentine, du plaisir et de l’adrénaline…

Creppe suite et fin du premier tour.

Sans aucune transition, nous nous retrouvons au départ de Creppe, Jean Caro le traceur, ne nous laisse guère le temps de respirer. Creppe est une des classiques des boucles, rapide et sinueuse à la fois sur une route très étroite avec quelques passages d’anthologie comme la fameuse « cuvette » et le cimetière de Winanplanche. Malgré que nous soyons les premiers à passer, il y a déjà foule, comme pour un grand jour de fête. C’est une étape que nos amis organisateurs ont compliquée en y ajoutant quelques chicanes « naturelles », carrément sur terre en dehors de la route où cela frappe très dur. Ainsi se termine ce premier tour déjà très difficile. Juste le temps de repasser à Spa au podium et l’on repart vers la deuxième boucle longue de plus de 300 Kms.

Wanne, Basse- Bodeux, Stoumont- Chevron, les classiques se succèdent.

Après Stavelot, où un podium show nous attend, nous filons vers la terrible étape de Wanne. Pour des questions de sécurité, la première partie, en jumps et longues courbes, appréciées des casse-cous, a été éludée. Le départ se fait donc au pied de Wanneranval. On s’attend à une simple partie de plaisir et pourtant…si la montée vers Hénumont est classique, les affaires se corsent lorsqu’il faut, dans la glace et le neige contourner Wanne par un chemin de terre glacé pour finir cette étape par un toboggan rempli de neige dans lequel nous avons bien du mal à rester sur la route jusqu’à l’arrivée après une épingle gauche. En réalité nous sommes les premiers à passer en course car l’étape a été annulée pour des questions de sécurité pour les « Legend »

Filant vers Saint Jacques nous enchainons avec l’autre classique de basse Bodeux très enneigée dans sa partie forestière. Cette étape spéciale est longue de près de 20 kilomètres dont la boucle « nord » qu’il faut parcourir trois fois avant de terminer à La Vaux après un « quitté arrière droit » spectaculaire et glissant bien connu du public. Il y a pas mal de traces de sorties de route car les pièges sont nombreux en roulant à vue avec des conditions d’adhérence changeant d’un tour à l’autre !

Après Basse-Bodeux nous partons vers la Lienne pour rejoindre une autre classique « Chevron- Stoumont ». Séparées par la vallée de la Lienne sauvage s’opposent les deux collines escarpées de « Chevron » et de « Rahier ». C’est une étape de pilotes où l’on doit se cracher dans les mains pour passer dans les temps d’autant plus que, contrairement aux « Legend », nous ne pouvons pas nous récupérer dans la vallée après la terrible descente de Chession dont nous sortons juste à l’heure. C’est donc pied levé que nous devons parcourir la vallée avant d’entamer à fond la montée vers Rahier, du vrai plaisir ! Au vol, nous apercevons la Datsun Violet de Nestor Schwanen immobilisée après une petite touchette et plus loin la Skoda détruite de nos amis de l’Ecurie Ardennes Cawez et Bastin, nos amis, véritables miraculés, s’en sont sortis indemnes.

La Redoute, Bilstain, Creppe, le retour, la fin du long second tour…

Sortis de de Chevron, nous avons à peine le temps de filer vers « La redoute », un tourniquet pentu accroché aux collines rocheuses dominant Remouchamps qu’on parcourt trois fois. Raides montées et descentes se succèdent… quand il y a trop de lignes droites on met une chicane, c’est presque à fond tout le temps, sans aucune zone de récupération. Le nombreux public ne s’y trompe pas… c’est un endroit parfait pour jouir du spectacle de ces voitures en glisses permanente dans un site naturel accroché aux rochers au- dessus de Remouchamps. Après la Redoute on continue ce grand tour pour rejoindre Bilstain pour le deuxième passage dans l’étape show. Là on, déguste vraiment car les « Légend » sont maintenant passées devant nous, la BM avec ses petites roues se vautre, tape, gémit, hurle de tout sauf de plaisir, cela frise l’insupportable, cela devient vraiment très « casse voiture ». Holvoet, Van Rompy ,Verhelle ont l’air d’apprécier plus que nous cet enfer en nous taxant de plusieurs secondes qui finiront par nous handicaper au classement final. Il ne nous reste plus qu’à refaire « Creppe » pour un deuxième passage génial avant de rentrer à Spa après cette très longue seconde boucle.

Arrivés à Spa, tout va bien, aucun classement n’est officiellement publié, seuls des bruits, glanés sur les smart phones nous informent. Duval serait en tête des « Légend » et Van Rompuy en classic mais rien n’est officiel… c’est un peu n’importe quoi ! Il y a eu beaucoup de sorties de routes plus ou moins graves et la seule chose dont nous sommes sûrs c’est que, pour faire un bon classement, il faut absolument rester sur la route au cours de la longue troisième boucle qui nous attend de nuit, réplique exacte de la seconde, on annonce du brouillard !

Troisième boucle, nuit, givre et brouillard.

Le temps d’avaler un sandwich, de remettre de l’essence et on est reparti. De l’avis général, le rallye est plus dur que les années précédentes, beaucoup plus rythmé et moins perturbés, par les étapes annulées en tous cas en « classic ».Nous repartons donc pour cette troisième boucle pratiquement identique à la seconde dans laquelle le brouillard s’invite comme prévu à la fête. Dans Wanne cela va encore, c’est juste très glissant mais dans Basse Bodeux et Stoumont Chevron ce sont de larges taches de purée de pois qui nous attendent sur les hauteurs. C’est comme en 1981, presque en pire, on navigue à vue… quelques freinages tardifs et appuyés nous aident heureusement à rester sur la route… Ce sont les spectateurs avec leurs lampes de poche et leurs feux de bois qui nous montrent souvent qu’on est dans le bon, nous vivons avec ces courageux une parfaite communion sportive ! Moins brouillardeuse, La Redoute se passe bien, enfin, le troisième passage dans Bilstain que les « classic » étaient les seuls à refaire, est raisonnablement annulé par des organisateurs préférant arrêter là le massacre… cette décision nous arrange bien car notre BM n’était vraiment pas à son aise dans ce vallon sauvage…

C’est donc Creppe qui termine la fête. Il est presque minuit, un givre vicieux s’invite à la fête, le freinage de la cuvette est notamment particulièrement délicat et nous voyons de près l’arbre que Dominique Dransart et Patrick Lienne iront percuter plus tard avec leur Golf GTI lors d’une mémorable sortie de route. Pouvant repartir miraculeusement, ils ne se sont pas fait mal mais il était temps que cela finisse… le rallye devenait dur pour tout le monde !

Holvoet, Verhelle, Van Rompuy, un beau tiercé.

C’est finalement la Toyota Celica de Holvoet qui domine Claude Verhelle de… 12 secondes et Van Rompuy de 19 dans cette catégorie très disputée où nous terminons finalement à une parfaite cinquième place au général derrière la Volvo de Gengou et Gathy. La bagarre a été chaude, dommage qu’une fois de plus l’accouchement d’un classement acceptable a du se faire aux forceps. Que dire, dans la catégorie Legend, d’un premier classement classant « Vande »à la troisième place avant qu’elle ne soit attribuée méritoirement à Stouf après vérification des calculs. C’est bien dommage car le rallye en lui-même était parfait, plus dur et plus soutenu que les autres années, mené de main de maître par un Jean Caro au sommet de son art, nous savons que lui en tous cas n’oublie pas que...les "classic" font aussi la légende !

Raymond Collignon.

Deux trophées des boucles… autres temps à gauche le 2013 à droite la coupe en cristal val saint Lambert de 1981 remportée par notre Datsun 100 A… deux époques bien différentes pour deux rallyes finalement très proches ! (Mêmes routes, mêmes conditions climatiques).

Classement Classic :

 1 204 HOLVOET Dominique BEL VANOVERSCHELDE Bjorn BEL TOYOTA Celica 1600 TA23 C3-8 0.76 103.32
 2 203 VERHELLE Claude BEL THIRIONET Yves BEL FORD Cortina GT C2-4 0.63 116.06 12.74
 3 202 VAN ROMPUY Dirk BEL VANOVERSCHELDE Jens BEL OPEL Ascona i 2000 C4-13 0.78 122.58 19.26 6.52
 4 205 GENGOU Eric BEL GATHY Didier BEL VOLVO 142 S B 20 C2-5 0.68 154.60 51.28 32.02
 5 201 COLLIGNON Raymond BEL FELOT Adrien BEL BMW 2002 Ti C2-5 0.69 219.53 116.21 64.93

Classement Legend

La voiture de Munster-Lopes à l’arrivée, il ne lui manquait pas grand-chose pour gagner.

 1 10 DUVAL François BEL BOURDEAUD HUI Anthony BEL FORD Escort Mk II Gr. 4 C3-9 0.77 439.67
 2 18 MUNSTER Bernard BEL LOPES Pascal BEL PORSCHE Carrera RS C3-10 0.74 440.30 0.63
 3 17 STOUF Stefaan BEL ERARD Joris BEL FORD Escort RS 1600 C3-9 0.72 545.76 106.09 105.46
 4 23 CHERAIN Cédric BEL BORGUET Eric BEL OPEL Manta-A 1900 C2-5 0.9 636.70 197.03 90.94
 5 7 VAN_DE_WAUWER Jean-PiBeErrLe MARNETTE Eric BEL LANCIA Beta Monte Carlo C3-9 0.76

Vos commentaires

  • Le 6 mars 2013 à 07:56, par Vialar Bernard En réponse à : Les classic font aussi la lgende ! (Boucles de Spa 2013)

    J’ai eu le plaisirs de faire le relation concurrents dans cette superbe preuve dans une ambiance des plus conviviale avec un plateau de rve !!
    Bravo les Belges et merci pour votre accueil et votre passion.

  • Le 11 mars 2013 à 22:33, par lionel lannoy En réponse à : Les classic font aussi la lgende ! (Boucles de Spa 2013)

    nous avons fait le deplacement de calais , pour voir ce magnifique rallye , quel plaisir et quelle belle epreuve felicitations aux organisateurs a l’annee prochaine
    le Calais Auto Racing ; ; ; ;

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