Quatorzième parade automobile de Mulhouse.

Raymond Collignon    2012-07-31 23:17:48   


Le trésor de Mulhouse.

Du 29 juin au 1 juillet 2012, pour la quatorzième fois la ville de Mulhouse, en collaboration avec le musée nationale de l’automobile, organisait leur grande parade automobile. Le principe de l’évènement est assez simple, des représentants des clubs de la France entière, se réunissent à Mulhouse pour participer à une grande parade dans les rues de la ville.

Une HORCH 853A de 1937, cette marque faisait partie du groupement AUTO UNION imposé par Hitler. Celle-ci venait d’Italie.

A cette occasion, un itinéraire dans la cité est sécurisé pour permettre aux voitures anciennes de parader dans la ville devant un public enthousiaste. Cette fête de l’automobile se corse d’autres activités plus sportives comme le kilomètre de Mulhouse et un rallye promenade en forêt noire. En de dehors de l’aspect purement populaire de la manifestation il est bien évident que le but est aussi d’asseoir la réputation de Mulhouse comme une des capitales essentielles de l’automobile en Europe. Qui dit Mulhouse pense immédiatement à Bugatti puisque c’est à MOLSHEIM, pas très loin de là, qu’étaient construites les merveilles d’Ettore Bugatti. C’est également à Mulhouse et ce n’est pas un hasard, que les frères Schlumpf avaient discrètement constitué dans les années 50/60 une des plus belles collections de voitures du monde, connue principalement pour ses Bugatti.

Une AVION VOISIN C26 AERISE, un profilage très en avance sur son temps

La visite de Trésor de Mulhouse.

Représentant le musée du circuit de Francorchamps, nous avions fait le déplacement à cet évènement avec une très belle Volvo p 1800 E, particulièrement appréciée du public français. Les délégations des musées européens étaient en effet invitées à participer en plus de la parade à cet extraordinaire évènement. Nous étions en bonne compagnie : Musée Mercedes de Stuttgart, musée Peugeot, Collection Schlumpf, Musée Bonfanti, Caimi, Tatra Sammlung, Monteverdi, Toffen, Fischlin etc… Ces amis des musées venus de toute l’Europe ont eu le grand honneur de visiter la partie cachée de la collection Sclumpf et, surtout, les ateliers par lesquels toutes voitures passent avant d’être exposées en état de marche.

BUGATTI 57 "S" surbaissée. Modèle ATALANTE 1936, une merveille directement issue de la collection SCHLUMPF.

Richard Keller, le dynamique conservateur en chef du musée, insiste sur le fait que toutes ces merveilles sont avant tout des « automobiles » qu’il ne suffit pas d’exposer statiquement car elles doivent être aptes à rouler comme aux temps bénis de leurs créations. La construction récente d’un autodrome aux portes du musée permet d’ailleurs désormais d’essayer ces voitures en sites propres, ce qui est évidemment très utile et n’était pas possible auparavant. L’exceptionnelle visite des réserves nous avons pu admirer dans leurs jus des Bugatti, Alfa Roméo, Maserati, Mercedes, Minerva, Renault et tant d’autres raretés attestant de l’état dans lequel les géniaux frères Schlumph achetaient ces raretés, complètement délaissées à l’époque par les collectionneurs…

Réserve de la collection entreposé dans l’atelier de restauration.

Un colloque intéressant sur la raréfaction des pièces d’origine.

Dans le parc Salvator, au cœur de Mulhouse, Richard Keller et Igor Bietry ont animé une table ronde sur ce sujet brulant.

La VOLVO P1800E de 1971, belle voiture très admirée par le public. Polémique : qui a dessiné la carrosserie ? FRUA probablement même si JENSEN et les designers suédois y ont mis aussi leur grain de sel.

Il devient en effet bien difficile de restaurer ces voitures historiques car, même pour des véhicules plus récents, comme la Volvo P1800 par exemple, les pièces d’origine commencent à manquer cruellement. Que dire alors des Clément Panhard, Darracq, De Dion Bouton, Decauville, Serpollet, Renault, Peugeot etc… ?

Richard KELLER et Igor BIETRY animent le passionnant débat sur la raréfaction des pièces d’origine.

Pour restaurer ces très anciennes, il faut les reconstruire partiellement si ce n’est les réinventer quand les modèles originaux n’existent plus, même dans les musées… Tout le monde est bien d’accord pour dire que faire revivre ces ancêtres il faut une bonne dose de passion mais qu’il s’agit aussi d’une nécessité si l’on veut conserver cet indéniable patrimoine du génie humain. Savoir où il faut s’arrêter est une autre question… reconstruire, copier, répliquer jusqu’où peut-on aller en ces temps où on voit plus de 917 et de Bugatti 35 qu’on n’en a jamais construites ? Dans quelques années, saura-t-on encore faire la différence entre une « vraie et une fausse » ? L’argent ne perturbe –t-il pas tout en ces temps où les investisseurs ne savent plus où placer leur argent ? … Vaste débat qu’il était bien utile de lancer mais dans lequel la polémique pointe vite le nez !

La MERCEDES 290 CABRIOLET 1935, mieux que nouvelle, prend la pose dans le parc SALVATOR.
Des roues et pneus, engrenages, freins, etc, attendent dans un coin leur restauration.

La grande parade de Mulhouse

La DELAHAYE 135M 1949 CABRIOLET s’élance sur l’autodrome. Malheureusement, la pluie a fait son apparition.

La voiture est avant tout un objet populaire et utile. Quand, dans les premiers temps les véhicules issus du monde hippomobile sont devenus « automobiles », cela a été avant tout une révolution populaire pour améliorer le mouvement autonome de l’homme. Aller plus vite et plus loin, sans efforts et sans devoir changer les chevaux à chaque relai de diligence était certainement le premier but des pionniers.

Une BIANCHI venue d’Italie se prépare à la Parade.

Rapidement l’esprit de compétition s’est aussi installé, il fallait montrer qui allait le plus vite et qui était le plus fiable. L’énorme foule des gens qui n’avaient pas accès aux volants de ces pétaradantes mais en rêvaient a tout de suite été subjuguée par ces spectacles. Il suffit pour s’en convaincre de voir les photos d’époque des premiers « grands prix » et des raids style « Paris- Madrid »… !

Une TATRA 87 de 1948, une reine tchèque de la vitesse parfaitement profilée pour utilisation sur grands routes et autoroutes déjà nombreuses à cette époque (collection SCHLUMPF).
Sous la bâche, une FAIRMAN en cours de restauration. Elle sera bientôt sur la route grâce à la compétence des mécaniciens pour la plupart bénévoles travaillant dans les ateliers de restauration du musée SCHLUMPF.

Restaurer aujourd’hui cette ferveur populaire est un des buts de cette parade dans les rue de Mulhouse. Les 400 voitures qui ont défilé à cette occasion, de la plus populaire à la plus prestigieuse et la plus récente comme la Bugatti Veyron, constituaient l’histoire en marche de l’automobile, symbole d’un certain génie humain qui se perpétue au travers des recherches actuelles.

Le moteur V8 TATRA refroidi par air et monté en porte-à-faux arrière, de la TATRA 603 venue directement de Tchéquie.

En effet, aujourd’hui, les ingénieurs, au pied du mur, n’ont jamais autant cherché pour permettre à cette belle aventure de se perpétuer malgré les contraintes d’un monde saturé par tous ses excès. Pourvu qu’ils y réussissent car l’homme libre est celui qui bouge pour aller voir ailleurs comment cela se passe, le priver de cette liberté aurait certainement un effet rétrograde insupportable pour l’humanité... !

Un pique-nique dans les réserves de l’atelier, une expérience unique et pour le moins originale.

Raymond Collignon.

Une BUGATTI VEYRON à la manœuvre entre les colonnes de l’atelier … Elle n’est pas faite vraiment pour cela mais participera à la Grande Parade, l’avenir en marche ?


Festival Automobile de Mulhouse 2012 par Mulhouse-Ville

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