Rondes de Rasteau. NEIGE EN ARDECHE !

Raymond Collignon    2008-12-16 18:11:00   

12ème édition de la RONDE DE RASTEAU, du 28 au 30 novembre 2008


Quand on vous parle de Vaison la romaine, vous imaginez plus une ville provençale se dorant au soleil à l’ombre de son théâtre romain qu’une bourgade grise dans laquelle s’engouffre le vent glacial. Pourtant, loin des verres de pastis dégustés sous les platanes, des jolies provençales ondulant courtes vêtues, de la chaleur aux accents du sud et autres images d’Epinal, c’est bien ainsi que nous apparaît cette ville en ce triste vendredi de novembre.

Une quarantaine de voitures y sont réunies pour participer aux douzièmes rondes de Rasteau, ce « petit Monte Carlo » qui, au fil des années s’est forgé la réputation d’un rallye dur où la neige est souvent présente. Jacques Gauthier, organisateur sportif, sait d’ailleurs où aller chercher cet or blanc. Son itinéraire est tracé majoritairement sur les routes ardéchoises du grand frère monégasque. L’épreuve, avant dernière du challenge européen, s’étale sur trois jours, elle démarre par une épreuve nocturne autour de Vaison, une mise en bouche sous les trompes d’eau qui va déjà amener son lot de surprises...

les oliviers en pagaille, nous approchons de Nyons...

VENDREDI 28/11/2OO8 UNE PREMIERE ETAPE DE NUIT SOUS LA PLUIE !

LAREPPE, VERSIGLIA, FIORITO, LUX, LEROUX, démarrent en tête phares grand allumés et essuie glaces en panique. Nous avons quant à nous engagé la BMW 2OO2 TI Alpina déjà vue par le passé dans de multiples épreuves, c’est elle en effet, plutôt que la Porsche, trop commune aux yeux des Monégasques, qui a été retenues pour le monte Carlo classique 2OO9. Pour ce test en nature, Adrien, indisponible, a cédé sa place à Jean-Pierre Veys dont la plus difficile mission sera certainement de s’adapter au « HALDA » mécanique de la voiture dont l’étalonnement est fort imprécis sans les roulettes de réglage dont nous ne disposons pas. Nous jouons donc un peu les « brontosaures » avec cet équipement d’un autre temps mais au fond le seul vraiment dans l’esprit de l’époque.

Jean-Pierre Veys concentré devant son Halda mécanique bien adapté à l’age de notre BM

Dès les premiers mètres, nous avons compris que cela ne serait pas facile, à chaque changement de direction, le pauvre Jean- Pierre doit appliquer un coefficient rectificateur ce qui complique indéniablement sa vie quand plusieurs notes se suivent. En plus il donne les moyennes en lisant une table ancestrale, précise certes, mais loin d’être aussi facile d’utilisation que les actuel cadenceurs modernes utilisés par la plupart. Pour la voiture, en tous cas l’expérience s’avère vite utile car elle se paie une série de petites pannes dont la plus sérieuse a certainement été la défaillance de l’alternateur ne chargeant pas assez lorsque les phares sont allumés. Au départ d’une des dernières épreuves, batterie à plat, la voiture a d’ailleurs fini par refuser de se remettre en marche. A la poussette elle finit péniblement par repartir mais avec plus de quatre minutes de retard ! Comme un malheur n’arrive jamais seul, nous nous trompons ensuite de route en allant visiter toutes les flaques d’eau d’un chemin de terre où nous ne devions pas passer ! Il faut dire que, sans charge électrique, nous roulons quasi sans phares et que l’ami Jean-Pierre doit tricoter dur pour rectifier au fur et à mesure les distances inexactes lues sur le Halda. Nous aurions voulu chercher plus les difficultés que nous ne nous y serions pas pris autrement… le résultat est évidemment catastrophique ! A l’arrivée de cette première étape de nuit, nous nous retrouvons vingtième avec près de 2.OOO points de pénalité…

Jacques Gauthier donne ses instructions aux futurs vainqueurs, les omniprésents LAREPPE – LAMBERT

Nous n’avons plus grand espoir de faire un bon résultat, d’autant plus que les sempiternels LAREPPE-LAMBERT ont bien dominé leur sujet et mènent largement devant les Italiens VERSEGLIA et FIORITO toujours aux aguets de la moindre erreur des Belges. Jean-Pierre DI ROSA épaulé de Jean-Pierre BONNET est premier Français derrière Willy LUX et Michel PERRIN en mise en jambe du Dakar qu’il fera comme équipier de CARLOS SAINZ sur une VW touareg en janvier. Les étonnants Jean-Marc LEROUX et HENNEN, de très bons « nouveaux belges » au volant leur BM 2OO2 Tii, caracolent aussi dans le peloton de tête.

Versiglia et Torlasco et leur redoutable Audi Quattro, ce sera une 2ème place pour eux.

SAMEDI 29 LA NEIGE AU RENDEZ-VOUS DANS BURZET !

C’est à ANTRAIGUES que Jean FERRAT a écrit : « Que la montagne est belle ! ». C’est vers la sauvageonne du poète que le rallye nous mène. LAREPPE en tête, nous repartons dans l’ordre du classement. Le but de Jacques Gauthier est clairement de nous pousser au plus vite vers la sombre Ardèche de l’autre côté du Rhône. Le rythme tendu ne nous laisse pas le temps de nous reposer, les noms des villages défilent commençant vite à sentir bon la légende LE PUY, BURZET, LE CHAMP RAPHAEL !

A l’entrée de la mythique étape du BURZET-MEZILLAC, nous avons déjà parcouru une dizaine de spéciales et pas loin de 15O kms de compétition chronométrée à la seconde. Dans la BM tout va maintenant très bien roulant de jour elle fonctionne parfaitement car sa batterie est moins sollicitée. En plus Jean-Pierre a aussi pris son rythme en corrigeant à l’avance les distances en fonction des erreurs du Halda. Le ciel est sombre, la pluie se transforme bientôt en gros flocons mouillés, la route blanchit tout doucement devenant de plus en plus glissante. Nous arrivons au départ de la onzième spéciale ; elle monte sur le fameux plateau au-dessus de Burzet là où on n’enterre pas les morts en hiver en attendant le printemps pour que la terre dégèle ! Effectivement, comme prévu, les choses sérieuses commencent, dès les premières épingles, la neige s’installe d’abord par plaques puis omniprésente. Bien chaussée de ses Michelin neige la BM s’avère efficace, elle se permet même de rattraper un paquet de voitures pourtant parties plusieurs minutes devant. La plupart ne sont pas bien équipées de pneus hiver et c’est évidemment la galère pour elles ! Sachant que tous ces concurrents sont classés devant nous chaque dépassement nous fait gagner des places, mais le but n’est pas uniquement là, nous prenons vraiment notre pied !

"dès les premières épingles, la neige s’installe d’abord par plaques puis omniprésente". La BM Automag entame sa remontée à l’attaque

De souvenir de pilote, je n’ai jamais vu autant de neige là haut. Les chasse-neige ne sont pas passés, sous les rafales les congères se forment en laissant à peine dépasser en certains endroits les fameux piquets orange sensés être là pour guider les égarés dans ce désert blanc. On ne voit rien mais on sent tout…la BM ralenti en rentrant dans les tas de neige puis reprend vie en en sortant le plus droit possible. A ce petit jeu, il faut de la chance pour rester sur la route d’autant plus que nous entamons la descente très sinueuse vers VALS LES BAINS. La poudreuse devient de plus en plus mouillée pour se transformer en « flache-flache » dans lequel nous retrouvons par moment un peu d’adhérence.

La BMW Automag au pointage ...

Le jeu dangereux est cependant loin d’être fini car en bas nous entamons à la suite la spéciale de GENESTELLE après avoir traversé ANTRAIGUES à plein tube. L’ami Joany s’affaire peut-être déjà dans la célèbre cuisine de son restaurant la « Remise », Ferrat dans un coin recopie sûrement un vers d’Aragon… mais nous n’avons pas le temps de les saluer, nous fonçons vers Saint Joseph des bancs sur une route très étroite. Ce qui est incroyable, c’est que nous avons rattrapé le temps perdu, la BM caracole dans les temps de virage en virage. Il nous reste cependant encore beaucoup de kilomètres avant d’atteindre MONTELIMAR qui panique dans la vallée, assommée sous les orages. La quinzième et dernière spéciale se fait de nuit, tous les rescapés sont contents d’arriver à plus ou moins bon port.

Jacques Gauthier à la recherche de ses concurrents perdus dans la neige de Burzet

Malheureusement, les contrôleurs ont aussi été pris au piège de la neige et les deux dernières spéciales ne sont pas chronométrées par manque de personnel en place. Le dernier CH est lui aussi supprimé ce qui nous est défavorable car, les retards se cumulant, il y tous lieux de croire que certains auraient été encore plus pénalisés si la règle avait été appliquée comme elle le fut la première nuit.

A la soirée, chacun a son histoire à raconter, les grands enfants que nous sommes ont des étoiles plein les yeux, cette neige était un vrai cadeau du ciel ! Tout le monde ne pense pas évidemment la même chose surtout les pilotes de voitures moins bien équipées qui ont même été jusqu’à devoir court-circuiter les dernières spéciales en cherchant des itinéraires plus sûrs pour rentrer à Montélimar. Il est de plus en plus évident qu’il faut prévoir d’office un équipement neige pour ce type de rallye en cette saison, nos amis français semblent pour la plupart l’oublier…

DIMANCHE 3O, RETOUR AU CALME.LAREPPE-LAMBERT SORTENT A NOUVEAU DU LOT.

la Peugeot 404 de René et Domique LOUIS terminera 11è

Lorsque nous nous couchons, nous apprenons que notre remontée au classement a été pour le moins spectaculaire. Nous sommes en effet classés sixième soit une remontée de près de quatorze places ! Bien entendu l’équipement adapté de notre voiture nous a aidés à réaliser cet « exploit », il n’empêche que nous n’aurions pas cru cela possible le matin au départ. Le retour vers Vaison se fait tout en douceur en parcourant encore quatre spéciales qui nous semblent bien gentilles par rapport aux aventures de la veille. Pourtant les étapes de VESC, SAINT FERREOL, CHÂTEAU NEUF DE BORDETTE, sont très sinueuses et complètement désertes. En Belgique ou dans toute autre zone habitée, il est tout à fait impensable de parcourir tant de kilomètres sur de si belles routes sans ne croiser personne et sans même vraiment gêner le moindre riverain !

Les deux Jean-Marc LEROUX et HENNEN, de très bons « nouveaux belges » au volant leur BM 2OO2 Tii, terminent à une très belle 4e place

Un véritable rêve accessible uniquement dans ces régions aux caractères bien trempés mais pratiquement désertes. Arrivé à VAISON, le classement de ce dur rallye n’est pas modifié. LAREPPE-LAMBERT l’emportent haut la main devant VERSEGLIA et FIORITO, les Belges LEROUX-HENNEN terminent à une superbe quatrième place devançant DI ROSA-BONNET, responsable du challenge européen. Un peu chanceux nous clôturons ce top six devant Willy LUX et Michel PERRIN qui ont perdu beaucoup de temps à cause d’une crevaison au mauvais moment.

DU SPORT ET DE L’ADRENALINE.

la photo de groupe des vainqueurs de cette édition 2008.

C’est vrai que le fait de ne pas pouvoir se remettre à l’heure au départ des spéciales ne permet pas la moindre erreur ni la moindre panne. Nous en avons été victime avec notre panne d’alternateur et Willy LUX avec sa crevaison. Ce système rend donc le rallye plus dangereux puisqu’il faut aller rechercher son retard en roulant plus vite dans les spéciales et sur le routier. Personnellement, j’aime bien cette manière très sportive de faire mais je comprends que certain préfèrent une certaine autonomie horaire ce qui ouvre malheureusement aussi les portes à toutes les tricheries à moins que des commissaires n’enregistrent de visu sans contestation les temps réels de départ de chacun dans les spéciales. Il ne faut pas rêver, ce système est difficile quand on sait que presque tous les organisateurs travaillent déjà en personnel plus que réduit… Il faut donc maintenir la règle de Jacques Gauthier en comptant sur la sagesse des pilotes qui doivent se dominer s’ils veulent que ce type de superbes épreuves subsistent dans l’avenir. Les grands enfants peuvent aussi être quelques fois des adultes…

Raymond Collignon.

Merci à Bernard Vialar pour ses photos.



 info : VIRUS AUTO, Route de Villedieu, 84110 ROAIX
 Jacques GAUTHIER 04.90.46.12.12 - 06.66.08.95.69
 mail : gauthier.jacques@voilà.fr

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