SPA SIX HOURS 2022, un millésime fabuleux et bien arrosé !
2022-10-13 14:55:44
Spa Six Hours 30/09 1-2/10/2022
Jeudi 29 septembre, en s’approchant du village de Francorchamps, les couleurs flamboyantes des feuilles sur les grands arbres qui longent la route menant au circuit nous rappellent que nous sommes bien en automne… le grincement des essuie glaces sur le pare-brise aussi ! La météo prévoit de la pluie tout au long du weekend, mince alors moi qui avait prévu des T-Shirts pour les amateurs passionnés de « vieilles… anglaises, françaises, italiennes, allemandes, suédoises… » bon, pas grave on avait prévu les parapluies, au cas où, avec les couleurs de l’arc en ciel pour s’abriter avec le sourire !
Ce qui est fantastique lorsqu’on arrive dans l’antre du circuit ou vont se dérouler les différentes courses du Spa Six Hours, c’est que l’on se trouve subitement projeté dans une autre époque, un monde où les soucis de la vie ordinaire s’oublient le temps d’un weekend de quatre jours. Oups, attention une Aston Martin DB5 se fraie un passage au coin de notre stand et croise une MGB qui ronronne d’impatience de poser ses roues sur le plus beau circuit d’Europe… heu, bah oui disons-le franchement : le plus beau circuit du monde !
Et vous savez quoi, et bien ce sont les anglais qui me l’on confirmé eux-mêmes. Heureux d’être à Francorchamps après le fabuleux weekend passé au « Goodwood Revival » il y a juste deux semaines ! Et il n’y a pas que les britanniques qui sont enthousiastes des 4 jours de courses qui les attendent, nous rencontrons aussi un team italien qui est venu avec un proto Abarth et une Dallara (NDLR : mais oui souvenez-vous de cet ingénieur italien Gian Paolo Dallara, 50 ans de savoir-faire à l’italienne, il a dessiné l’Espada et la Miura pour Lamborghini, il a aussi travaillé pour Frank Williams…). Beaucoup d’autres nations se retrouvent au centre du circuit, allemands, néerlandais, suisses, français, américains, australiens et même néo-zélandais et aussi luxembourgeois et belges évidemment… Tiens voilà Guy Verhofstadt (notre ancien premier ministre qui aime piloter à ses temps libres) un petit signe de la main, on l’invitera pour un café un peu plus tard.
Une fois le stand monté, la VOLVO AUTOMAG attire tous les regards, la belle suédoise ne rechigne pas de poser avec les passionnés le temps d’une photo souvenir. Probablement que les visiteurs s’étonnaient de voir une auto de rallye historiques en cet endroit, et c’est là que ce justifiait la présence du webzine qui Libère les Passions !
Des centaines de voitures d’une autre époque sont venues sur ce mythique circuit spadois pour faire revivre les compétitions qui ont marqué l’histoire de l’automobile. Voir ces belles autos évoluer sur ce circuit apporte beaucoup de bonheur aux passionnés nostalgiques d’une époque, certainement révolue, mais qui a contribué à écrire les pages de l’histoire du sport automobile. Un siècle d’histoire sépare la plus ancienne automobile participante à l’événement, de la plus récente !
Après une journée de qualifications, le vendredi, sous un ciel bleu avec le soleil en prime, les participants se sentaient bien prêts à en découdre les deux jours suivants lors des courses respectives : Les voitures de Grand-Prix avant ’66 que l’on peut qualifier d’être les grand-mères de la F1 – Les voitures de sport des années ’20 et ’30 – Les F1 des années ’70 et ’80 – Les Formules junior, ces monoplaces des années 1958 à 1963 pilotées jadis par de grands noms comme Jim Clark, Fangio, Hill et Stewart – Le Woodcote Trophy & Stirling Moss Trophy réunissait des voitures de compétition des années ’50 – Le Master Gentlemen Drivers avec des voitures de tourisme et grand tourisme d’avant 1966 – Les Master Sport Cars Legends des années ’60 ’70 – Masters Endurance Legends ces protos des années 2000 – on a même eu droit à une manche du Belcar ! Et puis bien évidemment la fameuse course des Six Hours Endurance !!
Après cette journée presque estivale, nous allions basculer brutalement en automne et les pilotes auront à gérer les affres de la météo virevoltante !
L’épreuve phare du meeting, les Spa Six Hours Endurance ont connu un déroulement haletant cette année, avec une durée de 6 heures de course, les arrêts aux stands, les ravitaillements par le pilote, une dernière partie de course à la lueur des phares d’époque et tout ceci sous des averses parfois intenses qui ont rendu la tâche des pilotes encore un peu plus difficile par une visibilité médiocre tout en devant maîtriser les glissades des bolides aux gros pneus ! Certains pilotes n’ont pu éviter des contacts assez violents avec les murs de protection, et les bacs à graviers ont fréquemment été visités.
Toutefois les FORD GT40 ont encore une fois dominé les débats en squattant les cinq premières places. Celle de l’équipage néerlandais David Hart, Olivier Hart associés à l’italien Nicky Pastorelli a constamment pointé en tête pour hausser le rythme en seconde partie de la course et remporter une victoire sans contestation. Il s’agit du deuxième succès de David Hart, 15 ans après une première victoire en FORD Mustang.
La lutte pour la 2ème place concernait notamment la FORD GT40 portant le numéro 4 de Gipimotor d’Emile Breittmayer, Christophe Van Riet et Fred Bouvy, mal partie (tête-à-queue de Van Riet à la Source au moment du départ !), superbement remontée au premier rang, qui finissait hélas par renoncer, en proie à des soucis de moteur.
Ce sont les excellents Français Olivier Galant et Nicolas Minassian qui ont finalement pris la 2ème place devant les vainqueurs de 2021 : Oliver Bryant et James Cottingham.
Ayant perdu du temps suite à une crevaison, Eric van de Poele, associé au CEO de Ford Jim Farley, est remonté de manière spectaculaire en 5ème position dans les derniers instants de la course, ce qui a valu au pilote belge le « Prix Beurlys » récompensant le meilleur représentant en noir-jaune-rouge ce samedi.
A noter la très belle 6ème place de la Lotus Elan 26 R de Sam Tordoff, John Tordoff et Andrew Jordan, qui a bien sûr remporté sa catégorie. C’est également le cas de Serge Libens et Thomas Dozin (Ford Mustang), qui se sont imposés en Tourisme, tandis que Vanina Ickx (Ford Falcon Sprint) montait sur la troisième marche du podium après un début de course marqué par un bris de câble d’accélérateur.
La météo était toujours couleur chagrin lorsque les voitures de Grand Prix d’avant 1966 prenaient la piste samedi matin. Avec des monoplaces à mécanique arrière et avant, rappelant notamment les premières décennies du championnat du monde de Formule 1.
Ce sont les Cooper qui ont donné le ton dans des conditions compliquées, Charlie Martin (T53), 5ème sur la grille, remontant vers le sommet du classement pour s’imposer devant le poleman Michael Gans (T59) et Justin Maeers (T53). On attendait une légendaire Maserati 250 F du côté des moteurs avant, et John Spiers était bien parti pour faire honneur à l’histoire de sa monture… avant de s’immobiliser en vue de l’arrivée, victime de sa transmission !
Klaus Lehr sauvait l’honneur de la marque au trident en s’imposant devant la spectaculaire Scarab de l’Irlandais Eddie McGuire et la Cooper Bristol MKII du Belge Erik Staes, auteur d’une spectaculaire remontée…
Même scénario ce dimanche sur une piste détrempée, Charlie Martin imposant une deuxième fois sa Cooper T53 devant l’Américain Michael Gans. Cette fois, c’est la Brabham BT3/4 ex-Graham Hill de Tim Child qui complétait le top 3. Plus rien ne venait perturber la progression de la Maserati 250 F de John Spiers dans la catégorie des moteurs avant, le Britannique l’emportant devant Klaus Lehr et Erik Staes. Soit un double podium pour le pilote belge.
Les plus anciennes, issues des années ’20 et ’30, sont toujours appréciées du public. Et si les ‘Racing Specials’ que sont les bolides de Maeers-Maeers (GN Parker) et Llewellyn-Llewellyn (Bentley 3/8) étaient données favorites, c’est la plus frêle Alta Sports 1939, et sa mécanique 2 litres, de Gareth Burnett qui avait le dernier mot, s’imposant devant la Talbot AV105 Brooklands de Michael Birch et la Bentley 3/4 ½ de Clive et James Morley. Des machines parfois étonnantes, à la sonorité unique, qui ne peuvent que titiller la curiosité…
Victoire belge ! Samedi après-midi, Christophe D’Ansembourg (Williams FW07C ex-Reutemann) s’élançait depuis la pole position, et 11 tours durant, il croisait le fer avec le Britannique Steve Hartley (McLaren MP4/1 ex-John Watson), qui ne parvenait jamais à trouver l’ouverture. Les attaques succédaient aux attaques, mais la Williams conservait le meilleur sur la McLaren !
Comptant parmi les favoris, Marco Werner (Lotus 87B ex-Nigel Mansell) devait se contenter de la 3ème place devant la Lotus 92 ex-Nigel Mansell du Britannique Michael Lyons et la superbe Embassy Hill ex-Graham Hill de l’Australien Jamie Davison, lauréate de sa catégorie.
Vainqueur la veille, d’Ansembourg était hélas absent sur la grille de départ ce dimanche.
Après un envol dans le sillage de la Safety Car sur une piste détrempée, les monoplaces pouvaient donner leur pleine mesure, et l’Embassy Hill de Jamie Davison laissait rapidement la vedette aux Lotus de Michael Lyons et Marco Werner. L’Allemand, triple vainqueur des 24 Heures du Mans, mettait la pression sur le Britannique et finissait par passer, pour filer vers une autoritaire victoire dans des conditions difficiles. Michael Lyons et Steve Hartley complétaient le podium, tandis que Davison l’emportait une nouvelle fois dans sa catégorie, loin devant la Lotus 77 de Nick Padmore, remonté du fond du classement.
Ayant écrit quelques belles pages du sport auto entre 1958 et 1963, la Formula Junior jouit d’une belle popularité lors des meetings historiques. Et si les Lotus avaient dominé les qualifications, l’Alexis de Stuart Roach a assuré le spectacle durant la joute de samedi, le Britannique revendiquant clairement la gagne face à Manfredo Rossi di Montelera. Mais l’Italien avait gain de cause, imposant sa Lotus 22.
C’est une autre Lotus, la 27 du Suisse Philipp Buhofer, qui complétait le podium en dépit d’une pirouette en fin de parcours. A noter le top 5 du Belge Christian Lange au volant de son Envoy…
Les hallebardes étaient hélas de la partie dimanche matin lors de la Course 2, pas de quoi empêcher Manfredo Rossi di Montelera de doubler la mise face à Stuart Roach. En l’absence de Philipp Buhofer, c’est Sam Wilson qui surgissait au 3ème rang au volant de la Lotus 20 pilotée le Belge Hans Ciers.
Les années ’50 étaient à l’honneur à l’occasion du Woodcote Trophy et du Stirling Moss Trophy réunis samedi sur le coup de midi. Sous la pluie, Nigel Greensall ne se faisait pas prier pour prendre le meilleur départ aux commandes de sa Lister Knobbly, prenant assez rapidement ses distances par rapport à Michael Gans (Lotus XV) et Tony Wood (Lister Knobbly).
En seconde partie de course, John Spiers, équipier de Greensall, ne pouvait résister au retour de Will Nuthall, ce qui permettait à la Lister #8 de s’imposer au classement général. C’est la Lotus XV de Michael Gans qui complétait le podium du classement général et du Stirling Moss Trophy. Le Woodcote Trophy était totalement dominé par la très belle Jaguar C-Type de Rudiger Friedrichs, qui a devancé l’Allard J2 de la famille Llewellyn et la Lotus MkX de Paul et Bourne.
Mélange de voitures de tourisme et de grand tourisme d’avant 1966 dimanche matin pour une semi-endurance de 90 minutes (60 minutes pour les Touring Cars) disputée sous une pluie battante. En dépit de quelques incidents, les concurrents s’en sont donnés à cœur joie, et dans ces conditions aquatiques, ce sont les Jaguar E-Type qui ont tiré leur épingle du jeu pour signer un superbe doublé, avec la bien connue Rhea Sautter, associée à Andy Newall, s’imposant de justesse face à Markus Graf von Oeynhausen. C’est la Shelby Cobra de Niklaus Ditting et Sam Hancock qui a complété le podium général.
Du côté des voitures de tourisme, le Hollandais Olivier Hart poursuivait son week-end à succès, imposant la spectaculaire Alfa Romeo Giulia Sprint GTA face à la Ford Falcon Sprint du Britannique Sam Tordoff et la Ford Falcon du Britannique Tim Scott Andrews.
Conditions extrêmement difficiles pour les concurrents des Masters Sports Cars Legends et leurs protos surpuissants ! Les Lola T70 de Hart-Hart et Minshaw-Keen, mais aussi la McLaren M1A de Shaw manquaient à l’appel au moment de l’envol sous régime de voiture de sécurité. Tom Bradshaw (Chevron B19) en profitait pour effectuer un cavalier seul sur une piste détrempée, l’emportant devant Manfredo Rossi di Montelera (Abarth Osella PA1) et Michael Gans (Lola T290). Nigel Greensall (McLaren M1B) était une fois encore impressionnant, l‘emportant dans la catégorie Pré-66, et prenant le meilleur au classement général sur la Porsche 911 RSR de Bates-Bates, qui a servi au public un festival de travers.
C’est une première ligne 100% Peugeot qu’ont pu apprécier les spectateurs de Spa Six Hours en vue de cette épreuve réservée aux ‘moins anciennes’, avec le Britannique Kriton Lendoudis (908 HDI FAP) devant son compatriote Steve Tandy (90X). Au volant de la superbe Lola Aston Martin aux couleurs de Gulf, Christophe d’Ansembourg allait rapidement se retrouver aux commandes, flanqué jusqu’au bout de Tandy, tandis que dans la lutte pour la 3ème place, Antoine d’Ansembourg (Dallara Oreca), le fils de Christophe, prenait le meilleur sur Lendoudis. Alors qu’on pensait la Lola Aston Martin en mesure de s’imposer, Tandy parvenait à profiter de soucis de freins de d’Ansembourg pour prendre le meilleur aux Combes et l’emporter. Mais avec deux membres de la famille d’Ansembourg sur le podium, les couleurs belges étaient dignement représentées. C’est le Suisse Andy Feigenwinter (Porsche 997 GT3 R) qui s’imposait dans la catégorie GT.
Les conditions étaient délicates au moment de l’envol de la Course 2 sous régime de voiture de sécurité dimanche. En l’absence de la Lola Aston Martin de Christophe d’Ansembourg, les Peugeot 90X et 908 pouvaient s’en donner à cœur joie, et si Steve Tandy dominait la première partie de course, Kriton Lendoudis faisait irruption aux commandes après le passage obligatoire par la pitlane... avant de partir en tête-à-queue aux Combes, glissant sous doute sur l’huile laissée par la Lotus Evora GTE de Daniel Palma ! Il n’en fallait pas plus à Steve Brooks, qui avait relayé Steve Tandy, pour l’emporter, précédant l’infortuné Lendoudis et la Ligier JS P2 de Stuart Wiltshire. En GT, Marcus Graf Von Oeynhausen prenait sa revanche et imposait l’Audi R8 LMS GT3 ex-WRT face à la Porsche d’Andy Feigenwinter.
C’est aux concurrents de la Belcar Historic Cup qu’est revenu le privilège d’ouvrir les débats samedi matin… sous les hallebardes ! Après une séance qualificative très animée, les concurrents de la compétition nationale belge ont fait preuve d’une maîtrise certaine, et si le Hollandais Wim Kuijl (Ford Capri RS 3100) avait signé la pole position, il rentrait rapidement dans le rang, laissant la vedette à Erik Bruynoghe (Porsche 964) et Erik Qvick (BMW 320 Turbo Gr.5). La bavaroise finissait par renoncer, en proie à des soucis de moteur, ce qui offrait la victoire à Bruynoghe, qui précédait un excellent Tom Van Rompuy (BMW M3 E30), sur son élan de l’European Le Mans Series, et le multiple champion Luc Moortgat (Porsche 964). A noter le top 5 de Christophe Van Riet (BMW M3 E30), qui a dû céder face au Hollandais Tim Kuijl (BMW 325i E36) après une erreur aux Combes.
La pluie était une toujours de la partie dimanche en fin de journée pour la Course 2, et quelques bolides manquaient à l’appel, dont la BMW de Christophe Van Riet et la Volvo de Fred Bouvy. Luc Moortgat se portait rapidement au commandement pour croiser vers la victoire, alors que dans son dos, la bataille faisait rage jusqu’au bout entre les BMW M3 E30 du Hollandais Fred Krab et du Belge Guy Fastres, qui terminaient dans cet ordre après une furieuse empoignade. Dans le top 10 absolu, on trouvait les autres vainqueurs de catégories, en l’occurrence le Britannique Grahame Bryant (Morgan +8), le Belge Luc Branckaerts (Chevrolet Corvette C3), l’Italien Andrea Tessaro (Dallara X1/9) et le Belge Guy François (Nissan Primera BTCC). De quoi démontrer le caractère très international de la compétition historique nationale sur circuit ce week-end…
Samedi après-midi, peu avant l’envol des Spa Six Hours Endurance, un vibrant hommage a été rendu au pilote belge Jean Blaton, connu sous le surnom ‘Beurlys’, décédé en décembre 2020 à l’âge de 91 ans. Parents, amis et personnalités du sport automobile belge se sont réunis au pied du Raidillon pour une cérémonie de dispersion des cendres de celui qui a pris part à 14 reprises aux 24 Heures du Mans, montant pas moins de cinq fois sur le podium général ! ‘Beurlys’ repose donc désormais ‘sur le plus beau circuit du monde’, qu’il a tant apprécié et fréquenté…
L’ancien pilote de course Willy Braillard parle de son ami Jean "Beurlys" Blaton dans le cadre de l’hommage qui lui a été rendu aujourd’hui sur le Circuit de Spa-Francorchamps...
Tous les classements du week-end : Spa Six Hours 2022 - Results
Texte : Bob d’Automag & Communiqué.
Photos : Bruno Cornet - Jacques Guisset