Un TAXI à surveiller !

Bob d’Automag    2017-01-07 17:55:56   

Mais d’ou vient cette idée farfelue d’engager un Taxi dans un Rallye sportif ?


Cela faisait quelques années que Jean-Marie Herman projetait de participer à ce rallye mythique qu’est le Monte Carlo Historique. La question était : avec quelle auto ?

Ce projet un peu fou entamé en 2012, est le fruit de la recherche d’un véhicule repris dans les critères de sélection concernant les voitures admises au départ du Rallye Monte Carlo Historique.

En consultant la liste proposée, Jean-Marie Herman est tombé sur une énigme en voyant qu’un Austin Taxi avait été homologué pour avoir participé à l’édition de 1961.
Après quelques recherches documentaires, notre passionné Jean-Marie découvrit la véritable aventure de ce Taxi plutôt destiné à vivre d’autres types de courses de l’autre côté de la Manche !

Donc pourquoi engager une Nème Porsche ou Opel alors que l’on pouvait tirer son épingle du jeu avec un véhicule improbable, amusant, rare et provoquant un élan de sympathie partout où il va passer ?
Et puis quel beau défi, non ?

Jean-Marie HERMAN (pilote) - Simon MAQUENNE (le 3è homme) - Olivier FERRIERE (copilote)

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Mais d’ou vient cette idée farfelue d’engager un Taxi dans un Rallye sportif ?

Hep Taxi ... emmenez moi à Monaco !

La réponse, il faut aller la chercher « just accross the channel, My Dear ! ». Hé oui c’est en Angleterre, chez B.M.C. (NDLR : British Motor Corporation), que cette idée un peu folle a été mise en place. Et pour être tout à fait juste, l’idée a été provoquée par les Français ou plus exactement, par le règlement tellement complexe de l’édition 1961 du rallye Monte Carlo.

En 1961 le Taxi Austin FX3 monte sur le podium à Glasgow.

Dans les années ’50 les reines du rallye s’appelaient Austin Healey, Jaguar, Sunbeam, Riley, Triumph, et il fallait aussi compter avec Mercedes-Benz, Porsche, Citroën DS, Alfa Roméo … pour n’en citer que quelques-unes. En 1960 encore, ce sont les imposantes Mercedes-Benz 220SE qui remportent le rallye de Monte Carlo.

L’équipage du Taxi en 1961 : Tony Brooks, Willy Cave et Peter Dimmock

Mais en 1961, la puissance de la voiture n’était pas la chose la plus importante pour figurer en haut du classement du rallye. Cette année là, les organisateurs du célèbre Rallye Monte Carlo avaient instauré un nouveau système de calcul des indices tenant compte, outre de la cylindrée, le groupe, le cycle du moteur (les 2 temps étaient désavantagés) et surtout le poids du véhicule ! En fait cet indice, au lieu de niveler les chances de victoire, a outrageusement favorisé les petites cylindrées.
Ce n’était sans doute pas la meilleure idée du siècle, et « 1961 » restera sans doute un des pires souvenirs du Monté.

Martin - Bateau Panhard PL17 - Monte Carlo 1961

Il suffit de consulter les classements de l’époque pour se rendre à l’évidence que les 11 premières voitures sont toutes des cylindrées inférieures à 1100cm3, bien que la moitié des 305 concurrents participaient avec des autos de cylindrées bien supérieures. Derrière les 3 PANHARD PL17 Tigre victorieuses, on retrouve une SAAB 95 break (850cc), une BMW 700 (700cc), puis des RENAULT Dauphine, SKODA Octavia, NSU … les premières « grosses voitures » se classent à partir de la 14ème place avec une VOLVO 122, les CITROËN DS, et les MERCEDES –BENZ 220SE qui avaient gagné l’année précédente sont 30ème et 31ème .


Evidemment, à l’époque, la presse, surtout britannique, s’était déchainée accusant les organisateurs d’avoir fait tout pour faire gagner les voitures françaises ; allant même jusqu’à publier les « vrais résultats du Monté » et surnommant les PANHARD de « tigres de papier ».

Pour clôturer la controverse, nous dirons que la neige très abondante cette année là n’aura pas facilité les choses … sur les 305 partants, seuls 156 ont rejoints l’arrivée.

Le seul Taxi homologué F.I.A.

Mais revenons au Taxi ! Puisque le règlement est en quelque sorte inaccoutumé, la British Motor Corporation prépare un véhicule excentrique qui sera aligné au départ du Monte Carlo cette année là. La presse, et plus particulièrement la B.B.C., fera la couverture médiatique avec une équipe de reporters tout au long du rallye.

Officiellement B.M.C. annonce l’engagement d’une AUSTIN 2.199cc , fiche d’homologation F.I.A. N°1051 datée du 06/01/1961.


Une fois l’engagement accepté par le Club organisateur, la « surprise » se met en place. Pour se moquer de cette nouvelle réglementation, les anglais dévoilent que l’Austin en question n’est autre qu’un Taxi Londonien Austin FX3 : une auto lourde, de grosse cylindrée et avec peu de puissance, et qui en terme de « courses » n’affiche à son palmarès que de déposer ses clients équipés de chapeaux boule et parapluies d’un côté à l’autre de la ville.

L’Austin FX3, qui fut loué à une réelle compagnie de taxis, a été conduit dans les ateliers de B.M.C. Work’s à Abingdon (NDLR :où étaient préparées toutes les voitures de compétition de la marque M.G., Austin, Morris ect …) et le « Taxi » y subira une préparation sommaire pour le rallye.

Préparation Work’s

A l’origine, le taxi ne disposait que de 3 portes car il y avait un espace pour les bagages à l’avant gauche, on lui greffa donc une quatrième porte provenant de son homologue la limousine FL1 puisque la règlementation l’imposait. On lui ajouta des phares longue portées, un phare chercheur sur le toit car les cartes de l’époque n’étaient pas toujours très précises. Quatre pneus neige, on déplaça le taximètre sur un mât fixé sur le marchepied gauche et puis … vogue la galère … on laissa son puissant moteur de 2,2L et ses 68 chevaux tirer les quelques 1.800kg de l’engin.


Pour parfaire le caractère insolite de l’expédition, B.M.C. fait appel au vice-champion du monde de Formule1 pour piloter ce Taxi : Tony BROOKS (surnommé le « dentiste volant ») et l’excellent copilote Willy CAVE (aussi journaliste à la BBC), Peter DIMMOCK fera partie de l’équipage comme le troisième homme (NDRL : ceci était autorisé à l’époque) et puis il y avait suffisamment de place à l’arrière du taxi.

Cet équipage si particulier a pris le départ depuis Glasgow en Ecosse, la population locale acclamait le taxi et l’on racontait dans la foule que Tony Brooks et Willy Cave pourraient bien remporter ce rallye si il n’y avait pas le règlement pénalisant.

Toujours est-il que Tony Brooks n’a pas oublié de remettre le taximètre à zéro dès qu’il s’est élancé du podium de départ de Glasgow.


Alors que tout se passait sans problème jusque dans le sud de la France, l’aventure sera écourtée lorsque dans une tempête de neige, le taxi se retrouvera bloqué dans un mur ... de neige ! L’équipage manquera plusieurs contrôles dans le massif central et sera mis « hors course ».
La direction de course donnera l’autorisation de continuer le rallye hors classement, et le taxi terminera ce que l’on pourrait appeler « la plus longue course de sa carrière » devant le casino de Monaco.

Ceci aura été la seule expérience de rallye pour le taxi, il fut ensuite rendu à son propriétaire, et repris sa fonction première dans les rues de Londres.

Ils sont quand même un peu fous ces anglais … nos p’tits belges aussi finalement !

Un Taxi à surveiller donc ...
Bob d’Automag

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