La Škoda Sport de 1950 : à nouveau parée pour le Mans !

Benoît Piette    2020-06-25 10:52:56   

Basée sur le modèle à succès 1101/1102 « Tudor »produit en série, la ŠKODA Sport avait été spécialement développée et disposait d’une structure légère en aluminium.
Elle a été la seule apparition de ŠKODA aux 24 Heures du Mans...


Ses pilotes, Václav Bobek et Jaroslav Netušil se sont battus pour la première place de leur catégorie jusqu’à ce qu’un bris de moteur les fasse abandonner après 13 heures de course...

Il était prévu que la ŠKODA Sport retourne sur le « Circuit des 24 Heures » cette année lors du Mans Classic. Hélas, le coronavirus est passé par là et son apparition sur le circuit de la Sarthe sera été reportée à l’année prochaine.

Une petite auto robuste

Après la Seconde Guerre mondiale, Škoda a lancé une nouvelle série de modèles appelés 1101/1102 “Tudor”.
Propulsé par un moteur à quatre cylindres de 1089 cm³, ce véhicule a rapidement connu une grande popularité dans de nombreux pays européens, ainsi que sur les marchés étrangers.
D’un design robuste et moderne pour leur temps, ces véhicules ont prouvé leur fiabilité à maintes reprises sur les pistes de rallye et sur les circuit de longue distance.

En 1948, la Tudor a remporté les quatre catégories du Raid Polski de 2649 km. Au Rallye sud-américain Montevideo - Melo - Montevideo, les petites Škoda ont pris la première et la deuxième place.

Mais la « Tudor » (« deux portes » en jargon automobile anglais) a également démontré ses capacités sur des circuits plus traditionnels.
Toujours en 1948, lors des 24 heures de Francorchamps, trois Škoda Tudor ont parcouru chacune les 1972 kilomètres et ont terminé aux trois premières places de leur catégorie de cylindrée.
Pour marquer ce succès, le trio tchèque a fait ses arrêts aux stands ensemble et a franchi la ligne d’arrivée en formation.
Cette victoire a donné la confiance nécessaire à Škoda pour établir des plans encore plus ambitieux...

Pour la saison 1949, le constructeur automobile tchèque a développé une variante de course spéciale basée également sur la « Tudor » : la Škoda Sport.
Il s’agissait d’une barquette ouverte biplace avec un empattement raccourci de 400 mm et un carrosserie ponton particulièrement plate en aluminium.
Elle a fait ses débuts lors du Grand Prix de Tchécoslovaquie de Brno.

Mais la marque vise un autre objectif, ni plus ni moins les 24 heures du Mans, déjà mondialement connue.

Les 24 heures de 1950

Ce samedi 24 juin 1950, l’équipe d’usine de Škoda avait finalement positionné en diagonale sa version améliorée de la 1101 Sport devant les stands.
A son volant, Václav Bobek et Jaroslav Netušil, prêts à en découdre sur ce circuit de 13,65 km.

Pesant à peine 600 kg, la Škoda Sport disposait d’un empattement de 2,15 m spécialement étudié pour Le Mans. Celui-ci améliorait la stabilité directionnelle de la voiture.

Des bouches d’aération en forme de faucille avaient été installées à côté des phares principaux. Elles canalisaient l’air de refroidissement vers les freins à tambour des roues avant.

Deux phares supplémentaires ont rapporté pour améliorer la visibilité pendant la nuit. Le reste de la technologie était largement basé sur la « Tudor » standard, comme par exemple, son système électrique 12 volts et ses pneus diagonaux de marque Barum.

Le moteur à quatre cylindres de 1089 cm³ refroidi à l’eau sous le capot bas avait un taux de compression légèrement plus élevé de 8,6:1 ainsi qu’un carburateur Solex 40 UAIP. Ces modifications lui ont permis de délivrer 50 ch à 5200 rpm, soit 50% de plus par rapport au moteur de série qui ne développait que 32 ch.

Avec le carburant de course habituel de l’époque (un mélange d’essence, d’éthanol et d’acétone), la Škoda Sport a atteint une vitesse de pointe de 140 km/h avec une consommation de seulement 12 litres aux 100 km.

Avec un plein complet et équipé de tous ses outils et pièces de rechange, la Škoda Sport ne pesait que 700 kg.

La course, la guigne...

Jaroslav Netušil et Václav Bobek, tous deux néophytes au Mans, ont tout donné.
Avec une vitesse moyenne de 126 km/h, leur Škoda Sport portant le numéro 44 s’est rapidement retrouvée à la deuxième place dans sa catégorie (jusqu’à 1100 cm³) parmi les 60 prétendants dans cette catégorie de 11 voitures.

Dans le classement spécial des indices de performance (très répandu à l’époque), le duo s’était entre-temps hissé à la cinquième place.
Cependant, à l’aube, après 13 heures de course, pendant son 115ème tour, une panne mécanique l’a mise hors course : le verrouillage d’un maneton s’était cassé et il n’a pas été possible de le réparer sur place...

Pour Škoda, ce fut la seule apparition au Mans dans son histoire. Dans les années qui ont suivi, en raison de la guerre froide, les modèles spéciaux de la marque n’ont plus pu participer à cette course mythique.

Sa restauration, une histoire de famille

La restauration de ce véhicule historique a été confiée à Michal Velebný, chef de l’atelier de restauration de ŠKODA mais aussi petit-fils de l’ingénieur en chef de l’époque Josef Velebný.

Dans le dernier long métrage relatif aux 125 ans de ŠKODA, Hans Joachim Stuck, ancien pilote de Formule 1, mais aussi deux fois vainqueur au Mans a fait l’essai de la ŠKODA Sport et nous en en donne ses impressions.
« Conduire cette voiture est incroyablement amusant, c’est vraiment fantastique ! »

Dans le même temps, il a pu jauger ce que signifiait pour les pilotes de l’époque de participer à une course de 24 heures dans un tel véhicule et leur a rendu un vibrant hommage pour leurs exploits.

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