Quand la folie s’empare d’un mythe ...

Guy Gysemberg    2016-07-02 19:22:37   

En ce débuts des années 50, les jeunes ayant retrouvé la joie de vivre ont à nouveau le goût de l’aventure. Mais ils ont peu de moyens. La 2CV, petite bonne à tout faire, permet de se lancer avec un budget accessible. Partons sur les traces de ces nouveaux aventuriers ...


Nous avons tous quelque chose de la 2CV

Nous avons vu comment notre petite 2CV fut enfin mise en production en 1948. Elle obtint immédiatement un énorme succès malgré les longs temps d’attente. Elle est appréciée dans tous les milieux. Pour beaucoup, et ce sur 3 générations au moins, la 2CV sera la première voiture.
A un journaliste qui lui demande : « si vous deviez choisir une voiture qui vous ressemble, ce serait laquelle ? » le président Chirac répondra : « Une 2CV en souvenir de ma première voiture ».
En 1959, lorsque le Prince Albert cherche un cadeau pour son épouse la princesse Paola , ce sera une 2CV. On la retrouve partout, jusque dans le monde ecclésiastique.

Le goût de l’aventure

La 2CV eut très rapidement une réputation de voiture d’exception prête à tous les services et capable de tous les dévouements. Il lui restait à acquérir la dimension de l’aventure ; des exploits héroïques et des missions impossibles. Toute une jeunesse va lui offrir au 4 coins du monde, des pages d’épopée à ajouter à sa légende. Laissez-moi vous raconter quelques-une de ces aventures.

1952 Le tour de la méditerranée

Les premiers à se lancer dans une aventure en 2CV sont Michel Bernier , vendeur chez Citroën, et son ami Jacques Huguier qui en 1952 à bord de la toute récente 2CV “A” annoncent qu’ils veulent boucler un tour de la Méditerranée en un mois.

Personne n’y croit. Ils le feront pourtant en 37 jours, franchissant 100 postes de douane en 33 étapes et parcourant 13588 kilomètres. Les 250 kilos d’outils et de pièces de rechange s’avérèrent très vite être un handicap, surtout dans les côtes. Les deux amis se débarrasseront du surplus en semant les pièces tout au long du périple. Citroën récupérera la petite voiture et la démontera totalement pour en contrôler l’usure. La vocation d’aventurière de la 2CV était née.

2cv Tour de la Méditerranée 1952 - Norev

1956 Paris Tokyo

De nombreux aventuriers se lancent dans cette aventure. Afin d’encadrer tout cela, le service de presse de Citroën crée en 1957 « Le Prix du tour du monde en 2CV ». Ce prix attribue une somme de 100.000 anciens francs chaque année, au voyageur en 2CV quel que soit sa nationalité, qui aura rapporté les documents les plus intéressants et originaux sur son périple en 2CV. Il peut s’agir d’un récit, de photos, d’un film ou d’un enregistrement.

Les premiers lauréats seront Georges Khim et Jacques Cornet . Ce dernier n’en est pas à sa première aventure en 2CV. En effet après un périple aux Amériques en 1953 et un en Afrique en 1954, il décide d’acquérir une 2CV AZ PO (Pour Outre-mer) qu’il confie à un garage Citroën pour renforcer le châssis et la suspension avant.
Avec cette voiture il feront le voyage Paris-Tokyo aller/retour en 9 mois avec plus de 45000 kilomètres. Ils quittent Notre Dame de Paris le 2 août 1956.

En Syrie, ils apprennent par la radio que les Français ne sont pas appréciés dans ce pays et ils sont poursuivis par une horde de cavaliers furieux qu’ils aient photographié leurs femmes. En Iran, ils percent leur réservoir, mais heureusement en plein désert un homme le répare en y soudant une plaque de protection. A Kaboul (Afghanistan) c’est un bras de suspension qu’ils doivent réparer avec un peu de gaz et un poste à souder trouvé dans une usine désaffectée. Mais ils progressent et après avoir passé le Mékong, ils arrivent au Cambodge où une haie d’honneur leur est faite avec une trentaine de 2CV locales.

Ils arrivent enfin au Japon en février 1957 en débarquant à Yokohama. Mais ils sont obligés de procéder à une importation officielle de la 2CV et de passer leur permis de conduire. Ils se recueilleront sur le site d’Hiroshima et assisteront à l’irruption du volcan Aso avant d’entamer le périple du retour en passant par l’Inde, l’Iran, la Grèce. Ils arrivent à Paris place du Tertre le 20 avril 1957.

2cv Paris Tokyo 1956 - Norev

1959 Le tour du Monde

En 1959, Jacques Séguéla et Jean-Claude Baudot entame un tour du monde

à bord d’une 2CV AZLP PO. Une fois la voiture préparée, ils quittent l’Europe et entame la traversée du continent africain. Celle-ci s’avère difficile et ils connaissent de nombreux ensablement, mais ils arrivent entiers au Cap après 16000 kilomètres de routes et pistes ardues. Ils passent le nouvel an 1959 sur le bateau qui les emmène à Rio de Janeiro au Brésil.

Ils font route vers le sud et à Montevideo en Uruguay un pompiste possesseur de 2CV insiste pour leur offrir un plein d’essence. Après la Patagonie, ce sera la traversée de la Cordillère des Andes. La “deuche” gravit lentement mais surement les cols et nos deux amis bivouaquent à plus de 3500 mètres d’altitude. Les voici qu’ils remontent vers la Colombie, le Mexique pour arriver à New York.

2cv tour du monde 1959 - Norev

Ils embarquent pour le Japon et traverseront Hong-Kong et Singapour. La Thaïlande, l’Inde et le Pakistan offrent des franchissements de gués et des traversées de jungles très difficiles. Vient alors, enfin, le retour vers L’Europe. Partis le 9 octobre 1958, ils rejoignent leur point de départ le 12 novembre 1959 après 400 jours passés sur les cinq continents. Leur courageuse petite 2CV AZLP leur aura été fidèle sur plus de 100.000 kilomètres.

Aujourd’hui elle est exposée au musée du circuit des 24 heures du Mans.

2cv Seguela Baudot - Musée de la Sarthe

Guy Gysemberg.

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Vos commentaires

  • Le 26 juillet 2016 à 15:10, par Jérôme Rougé En réponse à : Quand la folie s’empare d’un mythe ...

    Bonjour

    je souhaite savoir pour la 2cv du tour du monde ne porte plus son immatriculation d’origine en 66 ?

    Merci

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