Cinquante ans plus tard, je retrouve ma première auto !

Bob d’Automag    2012-07-12 00:33:35   


Depuis mon plus jeune âge je me suis toujours intéressé à ces belles autos des années ’50. Souvenez-vous de leurs formes rondes et ces pare chocs chromés rutilants qui leurs donnaient un charme si particulier, quelque chose de beau et sécurisant à la fois. Vues de face ou de l’arrière, le regard posé sur ces automobiles suscitait toujours une admiration proche de celle qui pouvait jaillir en observant une œuvre d’art. A cette époque être carrossier était un métier que l’on pourrait qualifier d’artistique, les designers jouaient avec les formes, les ailes en pointe, les moulures chromées, et les lignes de caisse jusqu’à la démesure pour certains modèles américains.

Lorsque mon papa s’apprêtait à sortir la Ford Taunus 17M du garage, je m’empressais d’enfiler mon manteau pour l’accompagner. Peut m’importait où nous allions, tant que je pouvais m’installer sur la banquette arrière avec la tête bien entre les deux sièges de devant, pour tout voir et suivre chaque mouvements, j’étais aux anges !

Un de mes jeux favoris était de reconnaitre les marques de voitures qui venaient en sens inverse, et papa poussait le jeu jusqu’à me questionner sur les types et modèles … j’étais incollable !! Lorsque maman nous accompagnait, je lui expliquais même la manipulation du changement de vitesses (au volant à l’époque), que celui-ci allait être positionné vers le haut quand la voiture arriverait à hauteur de la petite chapelle… juste avant le virage gauche (le passage du troisième vers le deuxième rapport !).

Si mes petites jambes avaient été assez longues, je crois que j’aurais pu conduire moi-même la grande auto blanche aux sièges couverts de skaï rouge et blanc.

Mon grand père ayant observé mon intérêt pour ce qui avait quatre roues, un volant et des pédales, était déterminé à m’offrir une automobile à ma taille. Et un beau jour, c’est un magnifique cabriolet Mercedes 190SL qui allait partager une bonne partie de ma vie d’enfant.

C’était une auto FERBEDO, une marque qui a fabriqué des voitures à pédales, des tricycles depuis 1914. Une entreprise qui depuis près de cent ans à contribué au bonheur des enfants en fabricant des automobiles à pédales confortables de qualité et surtout très ressemblantes au modèles en vogue existants, un rêve magique pour un petit garçon de 4 ans.

Mon auto, elle était rouge (ma couleur préférée) avec un contour de pare brise chromé, des feux et des clignotants en verre qui fonctionnaient !! (il y avait un petit circuit électrique avec de petites ampoules de 3,5V alimenté par des piles plates et interrupteurs au tableau de bord).

Je me glisse derrière le petit volant blanc surmonté d’un klaxon (qui fonctionnait aussi, au grand dam de ma mère qui était soulagée lorsque la pile était plate), je m’installe confortablement sur la petite banquette garnie d’un skaï bleu et je voyais le monde et la route s’ouvrir à moi. Au volant de mon bolide monté en pneus gonflables, le confort et la tenue de route étaient épatants. Des heures durant j’ai roulé, manœuvré, reculé, tracté et même embarqué les filles comme passagères !

Je me suis toujours souvenu de cette auto à pédale comme étant exceptionnelle parce que je n’en ai jamais vu une seconde comparable à celle-là ! En me promenant sur les bourses de collections mon regard se tourne souvent vers ces jouets à pédales que l’on peut parfois trouver chez l’un où l’autre marchand … et je reconnais facilement certains modèles que mes amis avaient dans leur plus jeune âge, une Ferrari, une jeep, une Simca, mais jamais je n’ai retrouvé « la mienne »… jusqu’au jour où, visitant la bourse « Rétromoteur » à Ciney, sous un magnifique soleil, elle se trouvait là, sur l’étale d’un marchand, parmi les plaques émaillées vantant les marques d’huiles d’une autre époque. Dans un piteux état, mais elle était là, toute entière … presque vivante …

La petite auto que le marchand-collectionneur avait récoltée semblait avoir vécu une longue histoire. Ses petits pneus fatigués témoignaient d’une longue période d’arrêt, la peinture grise écaillée dévoilait, par endroits, la couleur d’origine : un rouge ! (comme la mienne). Combien de cœurs de petits garçons avait-elle fait battre ? Elle ne pourra pas nous le raconter, mais le sourire de cette calandre en chrome et ses belles formes en tôle provoquent encore chez quelques grands garçons, aux tempes grisonnantes, un sourire nostalgique et complice qui donne chaud au cœur d’avoir pu partager des moments magiques à son bord, même si à 4 ans on n’était pas conscient du superbe cadeau offert !

Merci grand-père …

Bob.

Vos commentaires

  • Le 13 juillet 2012 à 15:47, par DEMANET Claude En réponse à : Cinquante ans plus tard, je retrouve ma première auto !

    Bob, j’ai possédé les deux Ford (12m et 17m) présentes sur les photos. La 12m avait-elle un moteur 1,5l ?
    Claude.

  • Le 15 juillet 2012 à 13:18, par Bob d’Automag En réponse à : Cinquante ans plus tard, je retrouve ma première auto !

    Oui Claude effectivement c’était une 1500cc avec la mappemonde sur le haut de la calandre !

  • Le 23 août 2012 à 11:35, par Jean Gobert En réponse à : Cinquante ans plus tard, je retrouve ma première auto !

    Bonjour,

    c’est vraiment une très très belle histoire, racontée avec beaucoup de pudeur et de tendresse, une histoire comme un petit fils aimerait l’entendre de son grand-père.
    Les raisons d’une passion ne s’expliquent pas, elles se partagent. Alors 1000 x merci pour votre témoignage. Vraiment !
    J’ai eu le privilège d’avoir un grand-père en or, qui enmenait son petit fils dans de grandes promenades en auto, parce qu’il fallait faire le rodage, mais surtout parce que son petit poulet était aux anges, comme vous au meilleur poste d’observation sur la banquette arrière. Il y a eu le rodage de l’ID, de la GS, de la CX.
    Privilège aussi d’avoir un papa en or qui me glissait des matchbox, norev, dinky et corgy toys en cachette de ma maman. Qui imprimait notamment des prospectus pour des concessionnaires auto. Je me souviens en particulier de celui du lancement de la R 5 tout en orange.
    Quand il m’enmenait pour les livraisons de l’imprimerie, j’écoutais le moteur de la 4L et des autres voitures. Je pouvais les reconnaître quasi toutes rien qu’à l’oreille et la nuit, à leurs phares.
    Mon grand-père et mon père sont partis vers un au-delà bien loin pour le garçon. Et quand est venue l’heure de déménager, mon coffre à jouets avec toutes mes petites autos s’est perdu.
    Des années plus tard, j’ai rencontré par hasard un collectionneur de miniatures. Un tiroir de ma mémoire et de son affect s’est rouvert. J’en ai acheté une, puis deux.....
    Du 1/43ème je suis passé à la grandeur rélle. Et quand je me glisse derrière un vieux volant, c’est toujours avec déférence. Et un sentiment indiscible empreint de fascination au moment de tourner la clef de contact, comme si je pouvais enfin faire ce qui était interdit.
    Voilà pourquoi votre récit me touche, parce qu’il est tellement humain.

    Amitiés.

  • Le 23 août 2012 à 13:12, par Bob d’Automag En réponse à : Cinquante ans plus tard, je retrouve ma première auto !

    Merci, Jean, pour ce compliment qui me va droit au coeur. Je vois que vous aussi êtes "sensible" à ces petites choses anodines vécues par le passé, qui prennent une réelle importance aujourd’hui.

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