Classic Bikes, cuvée 2018 à Chimay.

Dimitri Haulet, Philippe Haulet    2018-08-07 19:02:41   

Chaque organisation comme celle-ci est l’occasion pour tout amoureux des motos anciennes de voir des modèles parfois uniques, de rencontrer des spectateurs ou pilotes et de partager la passion qui les unit.


Goûtons un échantillon de cette cuvée chimacienne…


Laurent Pierat José Piérard, chimaciens.


Laurent, pilote.

« J’ai 52 ans. Je suis chauffeur d’autocar. Je débute la compétition moto en 1990 et viens au side-car il y a 4 ans, comme pilote. Je découvre les circuits avec un ami qui pratique la compétition. Je l’accompagne et l’envie me prend aux tripes tout de suite. « L’année prochaine, je roule. »

Ma première moto de compétition est une monobike, Honda 500CR, semblable à une moto de cross avec des roues de route puisqu’on roule uniquement sur du bitume.

Par après, quelques endurances en modernes avec une R6 Yamaha, en classiques avec des Suzuki 250 et 500t, en post-classiques sur Honda RS125r ou Yamaha TZ350, le championnat d’Europe en ICGP avec Eric Saul, bref un peu de tout.


Pour le side-car, je suis nul en mécanique 4 temps. Puisque je n’ai préparé que des moteurs 2 temps, j’ai tout à apprendre. Tout est à recommencer mais c’est ça, la passion.

C’est fou ce que je suis accroché au side-car. La moto commençait à me lasser.

En fin de saison, je me posais la question de savoir si je continuais ou pas. Avec le side-car, dès le lendemain de la dernière course, j’entame la préparation de la saison suivante.

‘Si tu mets tes fesses dans un side, tu n’en sors plus’ est une expression vraiment justifiée.

Généralement, on passe de la moto au side et je regrette d’avoir attendu aussi longtemps avant la mutation.

Le side demande énormément de rigueur au montage, à la préparation. Les sources de panne sont nombreuses et l’entretien, la mise au point sont permanents. Il y a toujours quelque chose à faire, à contrôler, à modifier, à améliorer.

Notre châssis est un Derbyshire des années 80 avec un moteur de moto Suzuki GSX 1135 EFE de 1984, moyennement préparé, à côté des machines bien plus puissantes que la nôtre dans la catégorie. »


José, passager.

« Je suis mécanicien, avec une expérience de 30 ans en garage voitures.

Je commence la moto deux ans avant Laurent. Nous avons le même âge et des carrières sportives similaires. Nous nous rencontrons à Presgaux en courses de côtes il y a 26 ans. Nous sommes de bons amis et partageons la passion de la moto.


En 1989 avec mon cousin, nous allons comme spectateurs à une course et nous tombons amoureux des side-cars. « L’an prochain, nous y sommes. »

Et c’est le cas sur un châssis SCHMIDT, avec un moteur de Honda 750 Four. Nous progressons lentement. Pendant 3 ans, nous permutons les positions pour des résultats un peu meilleurs.

Mais nous manquons de connaissances et d’expérience. C’est un monde bien différent de la moto, avec un peu du karting, de la formule pour les réglages.

Les pièces viennent du monde de la moto et de la voiture et parfois, fabriquées artisanalement.


Après cette première expérience de copilote en side, Laurent et moi roulons ensemble depuis 3 ans. Et nous accumulons les podiums.

Hier, une panne de batterie nous prive de la deuxième place. Il faut savoir que le premier équipage roule sur un avion de chasse, intouchable. »

Mauvais souvenir en side-car ?

« L’an dernier à Gedinne, nous nous faisons une grosse frayeur : en lutte pour le podium, au dernier tour, nous partons en tête-à-queue à plus de 100km/h.

La cause : un pneu usé, non remplacé par manque de moyens financiers. Nous aurions pu nous faire mal, très mal. »

Bon souvenir ?

« Toujours à Gedinne, en 2016, nous affolons le speaker. Au départ, la vitesse ne s’enclenche pas. Heureusement, personne ne nous percute.

Je passe la deuxième et ça part. C’est une bagarre de chaque instant et nous remontons pour terminer deuxième.

Certains pilotes se concentrent surtout au départ, pendant quelques tours ou pour la fin de course. Personnellement, je suis ‘dedans’ pour toute la course et c’est ma force. Je ne lâche rien, de la première à la dernière seconde.

Cette expérience s’est reproduite ici à Chimay. Pour un motif administratif, notre équipage est pénalisé et part en dernière position. A la fin du premier tour, nous sommes à la deuxième place et le resterons. »


Malheureusement, la dernière manche sera écourtée pour une cosse de batterie cassée.

C’est la course !

Stuart Newton et sa Seeley.


« La moto est une Seeley Suzuki, moteur de 500TY. C’est une moto d’usine, conçue en 1973, construite par Colin Seeley, un exemplaire unique.

La moto est faite pour Suzuki GB quand Colin Seeley est en affaires avec Bernie Ecclestone. Elle est pilotée par Stan Woods, Barry Sheene, Pat Mahoney. Elle court en 1974, en 1975 et disparaît en 1976.


Je l’achète à Colin quand je travaille pour lui. Elle est plus ou moins en bon état. Elle n’a plus de réservoir, de siège, d’allumage. Je la reconstruis selon les plans originaux. A cause d’une fuite d’huile, je la peins deux fois.

Je participe à peu de compétitions, très peu, car je ne suis pas assez bon pilote. Je roule notamment à Donnington avant la parade des pilotes MotoGP.


A une époque, je la vends. Les nuisances sonores sont strictes en Angleterre et avec les échappements si longs, elle est très bruyante. Moi, je veux la moto dans son état d’origine et c’est impossible qu’elle roule ainsi.

Je suis en désaccord avec le Classic Club qui refuse de l’agréer et je la vends. Elle reste ainsi dans le musée privé d’un gentleman pendant 15 ans.

Par après, il souhaite changer et nous faisons un ‘deal’ : deux vieilles motos à moi contre la Seeley.

Finalement, je la paye trois fois le prix que je lui ai vendue. Mais elle me procure tellement de plaisir. »


Metiss, Olivier Dumoutier.

http://www.team-metiss.com/index.html

« Je suis à Chimay pour voir de belles motos classiques et exposer les motos d’endurance de mes amis.


La plus récente est fabriquée en 2018 pour le championnat du monde d’endurance catégorie prototype expérimental et est particulière. Elle est conçue par Jean-Bertrand Bruneau ( JBB ), 71 ans, dentiste au Mans, passionné de motos, à l’origine du projet et son âme.

La moto est construite entièrement par l’équipe, avec un moteur de Suzuki GSXR, le bras oscillant AR Yamaha R1.


Particularités :

• pas de fourche avant.

• le train avant est de type JBB selon le système DIFAZIO des années 1930, peu exploité.

• Le moteur est porteur, sans châssis.

• A l’arrière, une platine usinée, taillée dans la masse supporte le bras oscillant.

• A l’avant, les 2 sabots inférieurs sont repris sur le plan de joint du vilebrequin et la partie haute, fixée sur les goujons du moteur ainsi que sur les brides d’échappement.

• L’amortisseur est en partie basse, devant le moteur pour abaisser le centre de gravité et pour permettre le placement du réservoir de 24 L.


En 2005, nous avons repris le concept pour le championnat du monde d’endurance et l’avons fait évoluer en 2007, 2014 et 2018.

Emmanuel Cheron est le constructeur et le pilote des motos. Après des courses sur Solex, il vient à l’endurance en 2001. Ensemble, nous partageons notre passion. »


Jimmy Laffineur.


« J’ai 30 ans et je suis originaire de Chimay. Je vis à Béthune depuis 4 ans. Professionnellement, je suis mécanicien motos, voitures.

Je suis dans le bain depuis tout petit car mon père a toujours possédé des motos. Donc, le virus est rapidement apparu.

A 6 ans, je reçois ma première moto. Dans le petit village où nous habitions, je pouvais rouler sans déranger quiconque.

A 14 ans, un ami chimacien possède plusieurs motos et dit à mon père : « On ferait bien rouler le gamin en compétition. » Ainsi, ils ont monté une moto Yamaha 125 TA.

Ma première participation à une démonstration Caïman se déroule à Lezenne. Ma première apparition ici à Chimay se fait aussi en démonstration car je n’ai que 14 ans.

Pour la première course sur un proto Honda RS125 à Mettet en championnat de Belgique moderne, je fais le troisième temps aux essais face à des équipes beaucoup plus ‘professionnelles’. Nous participons avec notre petite caravane, une petite camionnette et une moto qui affiche 10 ans de plus que celles des autres pilotes. Après un départ un peu anticipé, je termine deuxième sans remarquer le drapeau qui m’inflige une pénalité de 10 secondes. Je suis déclassé alors que j’avais 32 secondes d’avance sur le troisième. C’est ainsi que l’on apprend.

Quelques déboires comme une chute à Chimay, la disparition de ma catégorie en championnat, le peu de budget, font que je fais surtout des essais et que je continue à apprendre la moto.

En 2010, je suis champion de Belgique en catégorie IPC 125, ici sur notre circuit et une manche avant la fin du championnat. Vous imaginez la grosse fête.

La saison suivante en 125 s’est mal déroulée à cause de plusieurs casses mécaniques et de l’absence de budget.

En 2012, je participe en Supersport avec une GSXR Suzuki car je ne veux pas la même moto que tout le monde. Elle est d’origine et j’essaye de l’exploiter au mieux.

Pour la première course à Assen ( NL ), je me qualifie 43ième mais la course se déroule sous la pluie et la puissance fait moins la différence. Je prends un bon départ et termine 15ième au général. Je suis le premier 600 pour la Belgique.

Encore quelques courses avec de bons résultats mais budget épuisé, la saison se termine, avec beaucoup de frustration.

Pendant 2 ans, je pars en IRRC 600, sur des circuits routiers.

Et puis, arrive le coup de fil de Christian Jadouille. « Je monte une moto qui devait rester dans mon salon mais c’est dommage qu’elle ne roule pas. »


Et depuis 4 ans, me voilà à nouveau sur la 350, une moto bien préparée. Depuis l’an dernier, aussi sur la Yamaha TZ 250 Reverse, une ancienne moto de GP avec les échappements sous la selle.

Avec la 350, nous sommes allés pour la deuxième fois en Angleterre sur le circuit de Cadwell et je termine 3ième en sachant que les Anglais sont rapides chez eux et que les circuits sont très difficiles à mémoriser.


Actuellement, nous sommes en championnat d’Allemagne avec ses 9 courses. Mais ce sera moins pour moi, le budget reste le même pour 2 motos. En 250, je gagne toutes les courses et en 350, à Assen, une fois premier et une fois troisième.

Je suis toujours un amateur avec la même petite équipe qui me suit depuis des années. Ses caractéristiques sont le calme, le respect de chacun. Je me bats pour eux et quand je fais une belle course, que je découvre la joie sur leurs visages en rentrant, je suis aussi super-content. »


Ce ne sont que quelques exemples.

Si vous aussi, vous souhaitez vous abreuver de ces émotions, faites le pas.

Venez, voir ou participer.

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