Le printemps en hiver, aux Classic Spring Roads !

Raymond Collignon    2013-04-03 23:50:27   

Classic Spring Roads 2013


Le printemps en hiver !

Verviers a été bien connue dans les années 1960 pour son célèbre rallye de « Verviers et des hautes fagnes » une référence en la matière à cette époque lointaine. Depuis, la ville des bords de Vesdre, belle endormie en phase de résurrection, est restée un nid où se cachent quantité de rallyemen et de préparateurs de voiture de course. Dans cet antre, faire renaître un grand rallye de même configuration et aussi fou qu’à l’époque, était certainement l’idée que seuls Willy Lux et Joseph Lambert, tous deux du cru, pouvaient avoir. Willy est un ex champion du monde et Joseph reste encore un des meilleurs meneurs à l’heure actuelle. Quand deux personnes de cet acabit se mêlent d’organiser une telle épreuve et qu’en plus l’hiver résiste au printemps en soufflant ses bourrasques de neige, on ne peut que vivre une grande aventure et ce fut bien le cas !

Les deux compères Joseph et Willy maîtres d’une parfaite organisation perturbée par la neige…

Un samedi glacé avant la neige.

Une bonne soixantaine de voitures réparties en trois catégories de difficultés sont réunies au départ à l’Hôtel Verviers dans le quartier Ouest de la ville. Dès 8h, les premiers sont lancés vers la première spéciale de Fays, assez facile puis celle de Sart/ Jalhay, là, on a vite compris…ce ne sera pas de la petite bière !

Après les boucles de Spa à fond les manettes sur routes fermées on retrouve ici un rallye classique avec un road book sans pièges mais demandant une fameuse concentration sur ce parcours complètement secret. Joseph Lambert aime la terre et le prouve d’emblée. Gué du Wayay, chemins forestiers, accumulations de changements de direction…tourniquet autour de Sart sans voir une seule maison, le ton est donné, on est très loin de participer à un rallye touristique !

Les "Léonard" un couple de vrais amateurs au volant de leur SAAB 99, ils seront arrêtés par un garde-chasse un peu trop zélé cherchant à protéger "ses" forêts pourtant publiques.

Les vitesses à respecter sont données au moyen de tables de moyennes à cases multiples. Le système rend fous les équipiers qui sont seuls maître à bord et doivent à la fois donner les notes directionnelles et lire au fur et à mesure les temps à respecter en fonction de la distance. C’est franchement compliqué, on est très loin des blue Nik et autres appareils qu’il suffit de lire après avoir encodé les moyennes dans leurs mémoires électroniques, ici, seul l’homme est au pouvoir et sans possibilités de repos ni droit à l’erreur.

Vers Saint VITH sur les traces des 12 heures de l’Est.

Et les spéciales sur routes ouvertes à moyennes contrôlées se succèdent PONT, LIGNEUVILLE nous rapprochent de Saint VITH et RECHT où l’on retrouve les grandes étapes des douze heures de l’Est notamment celles de BORN, DEIDENBERG, EMMELS, RODT qui nous font traverser sur des routes verglacées les grandes forêts de l’Est de la Belgique. Peu de gens, même habitants de la région, imaginent que l’on peut connaitre tant de sauvagerie si près de chez nous.

Le « BIERMUSEUM » de RODT est un des endroits les plus à l’écart et les plus originaux qu’on puisse imaginer en plein cœur d’un énorme bois bien plus habitué à rencontrer à cette époque des skieurs de fond que des voitures de rallye ! Joseph Lambert connait certainement mieux que quiconque les chemins de terre du coin, SAINT VITH, HINDERHAUSEN, en regorgent, gentiment décrits dans le road book comme « dégradés » ! Le rallye atteint dans ces conditions difficile le Grand- Duché de Luxembourg pour la halte bienvenue de midi.

Grand- Duché de Luxembourg, Allemagne, la suite des glissades

Après une pause bien utile, nous quittons le célèbre restaurant « KNAUF » au Grand-Duché pour filer vers OUREN et BURG REULAND. Il y a de plus en plus de glace sur les chemins ce qui avantage très nettement les petits malins comme Yves DEFLANDRE avec sa Porsche 911 ex DUVAL qui ont monté des pneus clous ce qui effectivement n’était pas interdit ! C’est d’ailleurs Yves, très bien épaulé par son fils Benoît qui mènent la course en CLASSIC alors que REUTER/VANDEVORST dominent en catégorie experts.

Le rallye continue en écumant tout ce qu’il y a de plus sauvage dans le « Far Est » de la Belgique. A certains endroits, le pilotage tient de l’ équilibrisme, il faut rester sur la route de SCHOENBERG à VALENDER et AMEL, on se demande quelques fois dans quel pays on se trouve…seul les gardes forestiers surveillant sans concessions notre passage dans « leurs » forets nous rappellent cependant qu’on est encore en zones civilisées…La dernière spéciale de WEYWERTZ est longue de 21 kms et réunis en elle seule l’ensemble de ce qu’on a rencontré au cours de cette journée de fous… terre, glace, ornières, trous divers, 327 kms de grand sport !

Le retour à Verviers. L’étape de nuit pour les » Experts ».

La plupart des concurrents rentrent enfin à Verviers où l’hôtel « Verviers » les attend. Les conditions climatiques sont tellement mauvaises que les organisateurs décident de rendre l’étape de nuit autour de Bullange facultative. Ils ne sont finalement qu’une dizaine à se lancer dans cette aventure dont les sempiternelles REUTER/VANDEVORST sortent vainqueurs dans un classement séparé pour « l’honneur ». Chapeau à ces champions dont la grande réputation d’efficacité n’est certainement pas usurpée ! Quant à nous, nous sommes assez contents d’être toujours là , notre BM en version Boucles de Spa a navigué entre le vingt septième et la vingt et unième place en s’égarant quelques fois, nous avons déjà fait mieux mais il reste les étapes de dimanche, réputées difficiles, pour nous rattraper.

En Classic, les Porsche dominent Deflandre, Malherbe, Crucifix, Guilmain étant à la fête, en « Experts » les Porsche sont aussi en tête Reuter, Chavan, Closjans se tirent la bourre devant Piraux, Dahm, Verhelle et les autres.

Dimanche 24 mars. La neige s’invite à la fête, c’est l’hiver au printemps !

Il a neigé une partie de la nuit. Même à Verviers, les voitures sont couvertes d’une bonne couche de poudreuse. Willy LUX affiche un ordre aux valves : « Equipement hiver obligatoire » ! Evidemment, personne ne s’attendait à cela pour un rallye printanier… La glace est bien entendu restée en place sur les routes à parcourir mais elle est maintenant recouverte par une neige qui tombe à gros flocons. Cette étape marquera les mémoires…samedi avait déjà été pas mal mais ce dimanche restera pour beaucoup un souvenir dont on parlera longtemps dans les chaumières quand on n’aura plus rien d’autre à faire que raconter nos exploits à un aréopage incrédule croyant que, gagas, on en rajoute à l’histoire !

C’est dans la célèbre étape de Ster que commence l’aventure. Départ en côte impossible, grosse neige… le tourniquet de Ster, « jump » compris, est dément. Souvent à la limite, nous en sortons finalement presque à l’heure malgré les trous, la terre, les congères…

La panique à "Feuervogel" Joseph et Willy cherchent la solution pour sortir de "l’enfer blanc"

Ensuite, nous filons sur Waimes dans les mêmes conditions climatiques, la neige continue à tomber… L’étape fait 31 kms sans un mètre sur asphalte jusqu’à Fuervogel. « L’oiseau de feu » en français dans le texte est perdu dans la neige au-dessus de Bullange, c’est un champ d’aviation qu’on ne peut identifier dans les congères que grâce au mat du manchon à air sensé guider les petits avions qui, en principe, volent ici quand il fait beau. Là, c’est la panique, même les 4X4 ne passent pas dans l’étape de Bullange. Willy et Joseph se consultent car ils ne sont pas du genre à abandonner le combat… Finalement, ils décident quand même de continuer … malheureusement, à l’impossible nul n’est tenu, cela ne passe pas. Les congères de neige poussées par un vent violent encombrent les chemins creux dans lesquels nous sommes censés passer, certaines dépassent le mètre de hauteur, Willy jette le gant ! Il nous arrête au milieu de la spéciale dans laquelle nous nous étions lancés cœur à l’ouvrage. Il nous fait court-circuiter l’itinéraire prévu en improvisant pour atteindre WIRTZFELD et retourner à Verviers.

Les congères et le vent, vraiment impossible de passer à Bullange.

Le rallye se termine ainsi en queue de poisson mais les organisateurs ont tout fait pour que cela ne soit pas le cas. Le retour vers Verviers par Hockai est presque une promenade de plaisir, malheureusement la fête est finie !

DEFLANDRE/ DEFLANDRE. REUTER/VANDEVORST Les meilleurs gagnent !

REUTER ET VANDEVORST entourant Bruno THIRY, un ouvreur de luxe. Ils remportent le rallye en catégorie Experts.

Pour gagner un pareil rallye, il faut une bonne dose de chance mais aussi un savoir- faire évident. Que, dans ces conditions, ce soient deux équipages solides qui l’emportent est tout à fait logique. Deux Porsche en partie en pneus cloutés ont fait la différence, elles méritent leurs succès. Un bravo particulier à Benoît Deflandre qui, tout jeune homme, a mené son père sur la bonne route jusqu’au bout ! Quant aux organisateurs, ils ont réussi là un beau rallye qui, dans les conditions hivernales rencontrées, s’est finalement transformé en une épreuve très difficile dont tous les concurrents classés peuvent être fiers d’être sortis.

Le podium en "classics" de vrais champions très heureux d’en être sortis sans trop de problèmes.

REUTER, PIROTTE, CHAVAN,VANDEVORST, CLOSJANS, MOORS en Experts DEFLANDRE, MALHERBE, PIGEOLET, CRUCIFIX, CHAPA en classics méritent évidemment de grandes félicitations, ils ont été réguliers et performants, quant à notre BM, passant de la vingt-septième le premier jour à la sixième place en finale, elle n’a pas à rougir de son classement grâce à une bonne remontée sur la neige tout en restant bien sur la route !

Raymond Collignon

La BM sortie indemne de l’hiver au printemps remontée en sixième place sur la neige.

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