Une Audi quattro GR4 au Maquisard

Jacques Fievez    2016-08-09 19:05:25   

HISTORIQUE D’ UNE AUDI QUATTRO Gpe 4, Privée "PARIS-DAKAR".


La Ur quattro a toujours été mon grain de folie mais quand le hasard de la route me mit sur le chemin de cet engin, le grain devint roc.

En juin 1981, elle sortit d’usine avec pour numéro de châssis « wauzzz85ZBA901394 ».
Cette voiture vécut des aventures fantastiques, parfois terribles… puis connut l’oubli, la disgrâce, l’abandon et frôla la disparition pure et simple. C’est alors qu’elle trouva son sauveur en mon humble personne. Elle connut alors une réelle fouille archéologique, une période d’analyse et de recherche puis de restauration profonde et ardue où de grands spécialistes sont intervenus.

En 1981, Monsieur Briy Jacques, des Pays Basques en devient propriétaire.
Cette voiture fut immédiatement achetée dans l’intention de lui faire vivre des rallyes. Aussi de voiture civile, notre AUDI passa immédiatement au statut de voiture de course. Sa préparation était sommaire et sa configuration mécanique restait principalement d’origine. Seule l’allure extérieure lui donnait des couleurs de guerre.

En janvier 82, l’auto est engagée au rallye du "Monte-Carlo". Elle eut le privilège d’être une des premières Audi privées et termine à la 47ème place.
L’Audi est ensuite engagée au rallye du Portugal puis à l’Acropole, bref à toutes des manches du championnat du monde.

En 1983, elle est à nouveau engagée au "Monte-Carlo" puis au rallye de Suède.

Après ces jolis faits d’arme, notre AUDI connut un long repos durant tout le reste de l’année 1983.

En 1984, Monsieur Briy souhaite l’inscrire au Serre Chevalier qui deviendra plus tard le renommé "Trophée Andros". Après ce dernier fait d’arme, notre Audi est alors vendue à Coubes Dominique, et Vonthron William, de Paris. Leur intention est de participer au Paris-Dakar 1985 avec cette Quattro,… rien de moins. M. Coubes est un pilote amateur qui se défend bien. M. Vonthron, pour sa part, est surtout un aventurier dans l’âme. La voiture est ainsi complètement revue pour son nouvel usage.

A l’époque, il faut savoir que Thierry Sabine, le « patron » du Dakar est inquiet pour son épreuve. Il voit les usines s’approprier littéralement sa belle épreuve et c’est tout l’opposé de ce qu’il souhaite vraiment. Aussi, décide-t-il de rendre le Dakar 1985 très corsé.

Dans le même temps, l’usine Audi prête de l’intérêt pour cette épreuve devenue très médiatique. Déjà titrée deux fois au championnat du monde (constructeur en 1982 et pilote en 1983), la marque allemande aimerait s’aventurer mais sans risque, si faire se peut. Le Dakar est évidemment tout le contraire ; aussi, Audi décide de mettre ses billes dans le jeu par l’entremise de l’écurie française « ROC ». C’est ainsi qu’au Dakar 1985, il y eut quatre Ur Quattro : les trois d’usine et la privée ici présentée.

L’épreuve fut dure et trop rude pour notre Quattro. Elle abandonna à Tamanrasset. La voiture sera rapatriée et exposée aux éditions Hachette.
Néanmoins, elle survécu à l’épreuve et à ce jour, elle en est, en définitive, « la seule survivante connue ».

Entre 1985 et 2003, cette Quattro vivra déconvenues sur déconvenues. Elle sera successivement oubliée, vendue, revendue, frôla la « casse » à deux reprises puis enfin tomba entre mes mains.

Conscient d’avoir là une pièce rare, voire unique au monde, je me lançais alors dans un travail de recherche puis de lourde restauration. Au bout de 12 ans de labeur et de patience, je suis heureux de mon obstination et, depuis 2015, la voici à nouveau fraiche et dispose pour de nouvelles aventures.

Jamais je ne remercierai assez ceux qui m’ont aidé dans cette aventure et je nomme :
  Joël Roothooft qui a trouvé l’auto pour moi,
  Laurent Bayard, région de Chimay, qui a recomposé le châssis,
  Roger Missaire de Retinne et qui a remis l’auto sur ses roues et surtout refait le moteur et la transmission,
  Le garage DWR (Villers leBouillet) et la carrosserie Moreau Freddy (Faimes) qui ont refait la carrosserie,
  Benoit Pineux (Andenne) qui a fait la partie électrique et règle l’auto aux petits oignons,

  et à mon épouse pour sa patience et sa tolérance face à mes délires.

Epilogue :

En définitive si cette AUDI connut de grands événements sportifs, ce fut chaque fois sans grave accident. C’est ce qui en fit sa résurrection possible et ce, surtout grâce à son inactivité depuis le Dakar 1985.

Ayant connu la terre, la glace, la neige et le sable, elle sera restaurée pour qu’en tant que seule rescapée du Dakar 1985, elle puisse perpétuer l’histoire de la firme AUDI.

C’est ainsi qu’au début 2015, elle fut exposée durant un mois à l’ « Autoworld » de Bruxelles mais loin de moi l’intention d’en faire une pièce de musée. Aussi, en septembre 2015, je l’ai « risquée » au rallye de la Semois. A son volant, j’ai connu de sacrées émotions. Nous y avons terminé 5ème au général en catégorie historique et 2ème de classe. Pour une première à son volant, je ne suis pas près d’oublier le moment intense que cela a représenté.

Pour l’année 2016, elle participera à la course de côte du Maquisard. Ce sera le bon moment pour voir ou revoir une pièce unique en son genre.

Jacques Fiévez

CARACTERISTIQUES & RESTAURATION :

Châssis :
  Nouveaux toit, planchers et ailes arrière,

  Caisse ressoudée, longerons de renfort sous plancher et tubes dans compartiment moteur, support de crick en tubes profilés type Gpe 4, suspension pont à la caisse,
  Arceau en acier homologué FIA (réalisation Debaekere),

Transmission :
  Quattro d’origine,
  Boîte et pont courts d’origine Audi,
  Blocage pont à « tirette » d’origine,
  Mc Pherson à tronc fileté, gros moyeux, freins AP racing type Gpe 4 (origine prépa du Dakar et restauré par Missaire R),
  Triangles de suspension artisanaux type Gpe 4 homologués FIA (réalisation Missaire R),

Moteur :
  5 cyl 2144 cc 10 soupapes, base d’origine, pistons renforcés, culasse préparée et arbre à cames pointues, poulie à décalage réglable. Le tout peut délivrer +/- 315 cv mais reste limité à 290 pour des raisons de durabilité,

  Gestion électronique (origine Audi)
Le tout fut restauré et préparé par Missaire R.

Admissions :
  injection électronique (type Pierburg), boîte à air artisanale, turbo K24 et gros intercooler,
  à noter que le filtre à air est dans l’habitacle pour que le copilote puisse changer le filtre de l’intérieur (préparation pour le Dakar 85),
  réservoir essence type Gpe 4, 130 litres (enveloppant la roue de secours),
  double pompe et réservoir anti désamorçage (préparation Legeay en 1984),

Freins :
  double circuit avec « pédale box » type Gpe4,
  4 freins à disques avec pinces AP racing type Gpe 4
  Frein à main hydraulique avec répartiteur.

Le 14 août la quattro sera au départ du Maquisard.

Jacques Fievez.

Vos commentaires

  • Le 27 novembre 2016 à 10:00, par Eric En réponse à : Une Audi quattro GR4 au Maquisard

    Cette voiture aurait sa place au VOSGES RALLYE FESTIVAL qui aura lieu du 24 au 26 Août 2017

  • Le 28 octobre 2017 à 14:15, par Ben En réponse à : Une Audi quattro GR4 au Maquisard

    bonjour, avez vous des photos de cette audi datant du dakar 85 ? lorsqu’elle fut exposé chez hachette ?
    merci

  • Le 11 janvier 2020 à 20:46, par Marliat eric En réponse à : Une Audi quattro GR4 au Maquisard

    Je cherche de l’aide pour monter ma quattro gr4 .pour trouver les pieces qui me manque amortisseur frein pieces moteur ext merci d avance

  • Le 9 avril 2020 à 20:21, par Coubes En réponse à : Une Audi quattro GR4 au Maquisard

    Ravi d avoir des nouvelles de ma dernière voiture du Dakar ... je croyais qu après un dépôt de bilan, elle était parti à la casse. Ravi

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.