Monte Carlo historique 2OO7, Une Dixième édition digne des plus grandes !

Raymond Collignon    2007-01-30 11:06:00   

Monte Carlo Historique - 25 au 30 janvier 2007


Vendredi 26 Janvier Reims la belle Champenoise.

Le rallye de Monte Carlo fait « vroum vroum » aux pieds des vieux monarques qui s’accrochent désespérément à la cathédrale de Reims, c’est là qu’ils furent tous couronnés, ces rois de France, maintenant léchés par les vents...

C’est au palais de Tau, à l’ombre de ce bel édifice que les édiles rémois nous reçoivent avec une classe inimitable.

Repas délicieux... courant d’air filant aux pieds des statues dans le musée, discours de passionnés d’automobiles dits avec emphase dans ce lieu magique aux murs couverts de tapisseries...

Reims aime le sport automobile, elle a eu son circuit avec ses odeurs de ricin qui traînent encore dans les rues quand on les cherche bien, maintenant, c’est à « son » Monte-Carlo qu’elle s’accroche comme à la prunelle de ses yeux.

Ainsi se respectent les traditions... plus de cent voitures quittent la Champenoise ; sont ils heureux, ces grands gamins aux yeux illuminés, tellement fous d’aimer leurs veilles guimbardes ?

Le parcours de concentration reste une tradition Monégasque.

Au départ, le but était de faire découvrir la Principauté à tous ces riches gentlemen driver partant de divers pays d’Europe avides de découvrir le sud et sa grande bleue. On est bien loin de là aujourd’hui où c’est plutôt la principauté qui nous fait ses faveurs en nous invitant à l’appréhender sous un jour autre que celui des paillettes tellement superficielles dont on l’affuble en général.

Vers 2OH nous quittons Reims pour la grande aventure. De minute en minute, les concurrents s’élancent devant une foule toujours aussi impressionnante.

Parmi les Belges, en outre de l’équipage Automag relevons Fraikin- Luxen, Denève- Veils, D’ieteren , Balthazard- Chavan, Mondron, Pat Lambert, les Castelein Van Heukelom, Gehasse etc... rien que des vieux fidèles !

Jean-Luc FRAIKIN, un "chevalier" confiant avant le départ

Sous la bannière des pneus SEMPERIT une équipe tronquée de la principauté de Liège part sans grands espoirs de classement sachant que, forte de seulement cinq voitures, elle aura peu de chance de gagner ce challenge tant apprécié où il faut classer au moins cinq voitures en ordre utile pour avoir une chance de l’emporter.

La nuit la plus longue, cela commence dur !

Après 286 Kms de route déjà enneigées dans les parties hautes, nous atteignons LANGRES grelottant sous la glace.

Là aussi la foule est nombreuse ; les commentaires vont bon train « Oui, j’ai eu la même... Ca c’était de la bagnole ! » Même notre virile VOLVO 122S à l’heure de plaire à la France profonde où, pourtant à l’époque, elle n’a pas été très populaire.

Après Langres, nous filons vers Besançon puis Beaune que nous atteignons 3OO Kms plus loin. Après ces 6OO premiers kilomètres la fatigue se fait déjà sentir ; nous n’avons plus l’habitude de passer de vraie nuits blanches, surtout au volant de veilles voitures... le temps passe et nous use mon bon ami !

Après Beaune, il nous reste environ 24O Kms pour atteindre Saint Etienne qui est la ville de concentration finale de cette première étape.

Les concurrents d’OSLO, BARCELONE, MONTE CARLO et TURIN nous rejoignent là dans une joyeuse débandade ; chacune des 32O voitures doit pointer à son heure de minute en minute en fonction des numéro, il y a donc plus de cinq heures de défilé au contrôle avant de stocker les voitures dans un immense hall. Heureusement, avec notre numéro 62, nous passons dans les premiers ... après 17 Heures de volant sans sommeil.

Les mines sont déconfites mais on a déjà connu pire ; il y a quelques années encore nous roulions en plus toute l’après-midi pour largement dépasser les 2o heures de course avant le très mérité « repos du guerrier ».

l’équipage AUTOMAG : Georges CHALSECHE et Raymond COLLIGNON

Dimanche 28 février : Saint Etienne-Valence, les choses sérieuses commencent dans la neige très présente et inattendue.

A part nous fatiguer, cette longue première partie n’a servi à rien au niveau du classement. Le lendemain, les choses sérieuses commencent, nous attaquons les célèbres spéciales de l’Ardèche. Elles sont recouvertes de neige alors que la blanche gamine n’avait même pas daigné se montrer pour accueillir le très léger plateau des voitures modernes (5O) sur les mêmes routes il y a une semaine.

-« Ca c’est le vrai rallye ! » ...

Tout le monde semble bien d’accord la dessus, le Monte Historique a un vrai succès populaire, il a une autre gueule que « l’autre » cet authentique rallye avec ses Porsche, Volvo, Alfa, Opel, Lancia, Fiat ... que les gens peuvent toucher et caresser alors que les quelques « modernes n’ont fait que passer en se cachant à l’abris des tentes et des regards quand elles ne roulaient pas.

St Bonnet le Froid vu du volant. Brrrrr ...

Toutes les voitures ont monté les clous, précaution plus qu’indispensable ... dès SAINT BONNET LE FROID, c’est la grosse et belle neige qui nous accueille pendant 26 kms de spéciale !

Certains sont rapidement piégés ; COMPAS, le vainqueur de l’année dernière est un des premiers à faire les frais de la pression qu’il a sur les épaules, nous retrouvons sa 914/6 plantée dans un fossé au pied d’une descente piégeuse, la voiture n’a pas grand chose mais, impossible à retirer du trou, elle forcera son équipage à la mise hors courses avec plus des trente minutes fatidiques de retard au pointage horaire final.

Pour nous, les choses ont mal commencé. Une erreur de manipulation du fameux « Cadenceur » nous a fait prendre 4OO points de pénalité qu’il nous faudra traîner comme un boulet jusqu’au bout.

S’enchaînent ensuite les célèbres étapes de LALOUVESC, BURZET et ANTRAIGUES- COL DE LA FAYOLLE au total 13O Kms de spéciales à rythmes soutenus sur des routes mixtes « neige-glace ».

Arrivés à Valence on peut faire les premiers comptes. Pour nous, c’est déjà fini nous nous retrouvons nonantième. Les Belges les mieux classés sont LOPES-LAMBERT qui, déjà se positionnent aux premières places affichant clairement leurs intentions ? La Porsche 9II 2,7 est super efficace aux mains du très expérimenté Alain Lopes guidé à la « note près » par Joseph Lambert, le plus finaud des équipiers. TCHINE et NICOLAS GILSOUL sont très bien classés aussi avec leur Lancia FULVIA HF, TCHINE veut vaincre le signe indien et terminer enfin après tant d’abandons avec son ami LEON LEJEUNE... au repos forcé cette année.

Déjà une chose nous apparaît après cette première journée « sérieuse ». Pour les voitures « normales », il n’est pas aisé de réussir les temps imposés dans ces spéciales très glissante et pentues, le choix des moyennes lentes, moins glorieux probablement, s’avère donc être le meilleur choix si le but, tenant compte du handicap de manque de puissance et l’absence de reconnaissances, est d’obtenir un bon classement.

LUNDI 29 :VALENCE- BRIANCON en route vers SERRE CHEVALIER L’écharasson glisse comme aux grands jours.

La rallye quitte Valence pour s’enfoncer dans le Vercors. Les monuments élevés à la gloire de la résistance fleurissent partout dans la montagne. Quelques croix blanche dans de petits cimetières rappellent qu’ici dans ces campagnes sauvages des jeunes gens idéalistes sont morts pour la liberté dont nous ne connaissons toujours pas le vrai prix.

A l’attaque de l’ECHARASSON avant la grande glisse du sommet

La première spéciale à SAINT JEAN EN ROYANS est une des plus connues : le fameux col de l’Echarasson est toujours aussi glacé, cette étape de plus de 33 Kms est vraiment unique car tout le col, considéré comme route forestière, n’est pas systématiquement déneigé. Une fois de plus, nous prenons un vrai plaisir dans cette spéciale qui convient bien à la VOLVO dont la motricité avec ses pneus SEMPERIT s’avère excellente et où il n’y a pas trop de grosse côte ni dépingles. C’est d’ailleurs là que nous avions déjà une fois réalisé le meilleur temps général par le passé.

Michel LUXEN qui fait partie de notre team avance très bien aussi dans ces conditions avec la Volvo 142 et les même pneus, il prend son pied, lui qui est plus souvent en train de tourner sur le Nurburgring avec des BMW d’essais.

La Volvo de LUXEN/FRAIKIN, une des rescapées du Team SEMPERIT REMPORTE LA COUPE DES CIRCUITS

La surprise du jour sera l’étape suivante que nous ne connaissons pas bien et où le fait d’avoir de bons ouvreurs était certainement utile. En effet le col de Menée s’avère être une longue descente très sinueuse sur glace. Il s’agit en réalité du versant nord d’une montagne percée en son sommet d’un tunnel. Avant le tunnel c’est tout sec et après, la Sibérie ! Les ouvreurs les plus futés, interdits mais omniprésents, avaient bien remarqué que la prise de temps sur le sec se faisait plus de deux kilomètres avant le sommet. Avoir cette information était plus qu’intéressante car elle évitait aux gens comme nous de prendre des risques énormes dans la descente pour se faire pénaliser le moins possible.

Ceci étant dit, prendre de l’avance au sommet constituait aussi un risque, on ne sait jamais...

Pendant cette longue journée, nous parcourons encore les deux longues spéciales de Gresse en Vercors et du col d’Ornon, partiellement enneigées.

A la nuit tombante, c’est SERRE CHEVALIER qui nous attend avec son circuit sur glace plus mouillé que glacé.

SERRE CHEVALIER : cela glisse et il fait froid

Nous avons vite compris que si le but est d’y faire un bon temps, il faut faire fi du spectacle et trouver les meilleures trajectoires dans les bonnes zones d’adhérence.

A notre grande surprise, après s’ être appliquées comme de bonnes élèves, les deux Volvo Belges sont parmi les meilleures à ce petit jeu, elles terminent toute deux dans le top 15.

C’était finalement très amusant même si cela ne comptait pas pour le classement général, un geste gratuit de plaisir juste avant d’arriver à BRIANCON !

Mardi 3O Janvier 2OO7 : BIANCON - MONACO le grand saut de puce.

C’est déjà le dernier jour... on s’habitue vite aux aventures déraisonnables !

Dès 7h du matin le rallye quitte Briançon, il faut encore traverser un bon bout de montagnes pour atteindre de l’autre côté la grande bleue et ses folies ordinaires.

Ce sont les ALPES DE HAUTE PROVENCE longeant la Durance. La première spéciale de St Clément est très étroite et verglacée de l’autre côté du massif des écrins. Il faut être attentif car ici, on n’est plus à Serre Chevalier, la moindre erreur se paie au gros prix dans un rocher ou un fossé glacé !

Après, les deux autres spéciales sont plus raisonnables, elles donnent l’impression que la neige c’est fini...c’est vrai que le ciel est bleu et qu’il fait brusquement bon en approchant de la Méditerranée ; d’aucun, lunettes solaires sur le nez, se mettent déjà à poser comme s’ils étaient sur le port.

Attention, c’est un piège car la nuit sera terrible !

MONACO - MONACO 2OO KMS TRES SPORTIFS. UNE FAMEUSE ETAPE DE NUIT DIGNE DES PLUS GRANDES !

C’est aussi une tradition, l’ultime étape de nuit réserve toujours des surprises.

Le long de la mer, il fait doux, quelques dames en manteaux de fourrures en remettent, mais c’est vraiment pour la frime... comment imaginer que là haut à 4O Kms à vol d’oiseau c’est presque l’enfer de glace ?

Avant cette ultime aventure, Monaco nous réserve sa dernière surprise, sa cerise sur le gâteau.

Les rails de la partie basse du circuit de Formule 1 ont été laissés en place après le passage du rallye moderne. Nous avons l’honneur et le plaisir, ni plus ni moins de parcourir à allure libre la plus belle partie du circuit, Rascasse, Piscine...

Nous sommes en pneus clous, indispensables pour la suite ; tout cela est-il bien raisonnable ?

D’aucun, en tous cas en oublient vite que nous sommes en plein Monaco avec seulement quelques barrières Nadar pour la sécurité...

Heureusement, ce merveilleux Canon Ball que Michel Ferry n’est pas prêt de réorganiser se terminera bien, juste quelques têtes à queue et frottements de rail, le Dieu des fous nous protégeait à nouveau.

Après le passage des "Fous", on démonte les rails de sécurité du Grand Prix de Formules 1, l’eau n’est pas loin ...

Après cette gentille folie, uniquement possible à Monaco qui sous ses dehors très raisonnable, est capable des plus belles excentricités, nous filons, encore chauds, vers le col de la Madone.

La Madone, c’est aussi une grande juge surtout dans la descente vers PEILLE qui est très mauvaise et en partie verglacée. Au dessus aussi cela glisse dans tous les sens, heureusement, il n’y a pas le brouillard qu’on a déjà eu par le passé.

Sur le routier, Tchine a à nouveau abandonné suit à un problème électrique, nous avons aperçu en passant la Lancia capot levé arrêtée sur les bas côtés. Le signe Indien n’est pas encore vaincu, c’est bien dommage car la voiture était classée dans le top cinq.

Autre image furtive, la Renault 8 Gordini de Jean Pierre Nicolas arrêtée à la sortie d’un virage en pleine montagne. Le grand champion n’est pas encore prêt d’être secouru, belle galère pour la nuit...

Une autre Lancia a tiré tout droit dans un long gauche, c’est l’Italien Aghen qui faisait aussi un bon classement mais abandonne dans un rocher tous ses espoirs.

LE COL DU TURINI qui suit est lui, pratiquement dégagé, cela reste une étape mythique surtout dans le « bon sens » MOULINET - LA BOLLENE.

Au sommet, c’est la tradition, il y a foule, on peut se payer des travers et du spectacle car la prise de temps se fait dans la descente.

Enfin, il reste LODA, 34 Kilomètres de glisse, surtout la fin est très verglacée, il y est pratiquement impossible de passer dans les temps en moyenne haute. Nous essayons de ne pas prendre trop de risques car à nouveau, il y a pas mal de sorties et ce serait ridicule d’en terminer là.

AIME Stéphanie / AIME Pascal - Autobianchi A112 Abarth

Et puis, un dernier invité se présente : le brouillard qui commence à se montrer et envahira bientôt toute la montagne.

Finalement, nous nous en sortons bien après avoir remonté au total une quarantaine de place au général et, surtout, avoir dépassé les deux voitures qui nous précédaient dans la classe pour accéder au podium en seconde position derrière notre ami l’Autrichien PIERER qui, avec la même voiture que nous, avait pris la bonne décision de rouler en moyennes basses.

Arrivés à Monaco, dans un port encore vide, nous rencontrons Alain LOPES et Joseph LAMBERT la mine défaite « Nous avons perdu le rallye, on a pris quarante seconde dans la dernière, les moyennes basses vont nous remonter... »

Finalement, cela ne sera pas le cas car le brouillard, absent quand Alain est passé, un peu plus présent à notre tour, sera vraiment envahissant après pour le passage des gros numéraux en moyenne basse.

Il a là un problème car de véritables fusées s’inscrivent en moyennes basses, ce qui n’est pas la philosophie du système. Appliquer un coefficient d’âge serait probablement plus équitable surtout si l’année prochaine les Groupe 2 des années quatre-vingt montrent leurs nez au départ comme Michel FERRY l’a annoncé...

LES TROIS PREMIERS DANS UN MOUCHOIR

Justice est donc faite : Alain Lopes et Joseph Lambert en moyenne rapides remportent « leur » Monté Carlo après avoir tellement galéré par la passé en Mini et en Jaguar .

Alain LOPES conduit, Joseph LAMBERT lit les notes. Des vainqueurs heureux chez QUINQUIN (menu à 12 ?, vous connaissez ?)

Ils ne précèdent que d’une seconde, huit dixièmes les formidables Pascal et Stéphanie AIME avec leur terrible AUTOBIANCHI ABARTH.

Les MORANI, eux aussi en Porsche, complètent ce podium à deux dixième de secondes seulement de Pascal !

C’est incroyable d’en arriver à des écarts si faibles après un rallye aussi dur.

Cela atteste vraiment du très haut niveau de préparation de ces équipages.

Pour ce qui concerne les Belges, le résultat est finalement plus qu’honorable puisque en plus du résultat d’Alain, La VOLVO AUTOMAG monte sur la deuxième marche du podium en catégorie alors que Christian BALTHAZARD et CHAVAN mènent leur NSU IOOO en troisième position de la leur.

N’oublions pas pour terminer Charlotte CASTELEIN et Els SCHAMP qui emporte avec leur Cooper la COUPE DES DAMES qui reste une bonne histoire Belge après la victoire l’année passée de Pat Lambert.

Bravo à tous les autres qui ont terminé classés cette sportive aventure.

Une dixième édition été plus dure qu’on ne pouvait l’imaginer au départ.

Nous avons vécu là un rallye parfait, sans les problèmes de l’année passée ; cette fois, c’est le « GRAND » sport qui a gagné.

Raymond COLLIGNON

CLASSEMENT :
 1. LOPES Alain / LAMBERT Joseph - Porsche 911 Carrera 2.7 / 1044 points
 2. AIME Stéphanie / AIME Pascal - Autobianchi A112 Abarth / 1062 points
 3. MORANI Pierre Guy / MORANI Didier - Porsche 911 T 2.4 / 1064 points

 LUXEN/FRAIKIN remportent "la coupe des circuits" qui se rapporte au meilleur classement de SERRE CHEVALIER et de MONACO.

 le classement final complet

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