De pluie, de boue, de plaisir : Boucles de Bastogne 2023

Raymond Collignon    2023-02-14 11:41:22   

Legend Boucles @Bastogne 3-4-5 février 2023


Bastogne, vendredi 3 février 2023.

© Photo Pauline ROBERT

Une foule immense, comme à Las Vegas sous les lampes nerveuses, caracole dans les rues de Bastogne. Nous sommes vendredi soir, c’est la grande parade, la fête du rallye dans le fond des Ardennes. Comme au départ d’une corrida, les voitures dans la rue paradent devant cette foule avant de se lancer dans l’arène. La pluie tombe, gentille et droite, déjà le vent se lève préparant la tempête…

Nous sommes plus de 230 voitures de rallye anciennes paradant en faisant la fête, avant de partir pour la belle aventure. Plus de restriction, nous sommes enfin libres, c’est le temp retrouvé de la jeunesse. Il y a là les voitures vedettes des « Légend », inspirées de l’histoire glorieuse et réinventée des années 1980, puis il y a les « Classics » plus authentiques, dans leurs beaux jus, proches de l’essence même des débuts de l’histoire de ces compétitions anciennes qui ouvraient largement leurs portes aux voitures proches de la série.

© Photo Pauline ROBERT

On parle autant de Delecour, Cherain, Duez, Chavan, Caprasse, de Mévius, Munster que de Dufrasne, Ninane, Lambert, Vinette, Gengou et autres vrais amateurs n’étant là que pour le plaisir, l’aventure et le partage de leurs passions avec le nombreux public.

Samedi 4 février cela démarre mal.

Les « Légend » « Challengers » « Classics » s’envolent en même temps dans un chassé-croisé mélangeant les spéciales, 15 au total. Chacun aura le privilège de les parcourir toutes. Les vedettes des catégories Légend ont eu l’occasion de les reconnaitre, les « Classiques » 50 et 65 devront rouler à vue.

Les moyennes annoncées pour les Classics (50 km/h 65 km/h) n’ont pas l’air énormes mais si l’on tient compte des « slow zone » dans les spéciales, elles sont subtilement augmentées. En catégorie 65 elles deviennent même très difficiles à tenir, raison pour laquelle le RACB a d’ailleurs exigé la pose d’un arceau de sécurité dans les voitures inscrites dans cette catégorie.

Les spéciales sont en général étroites, tortueuses et boueuses, toutes les voitures, legend comprises, roulent en pneus neige de série… Certains utilisent des « run flat » ces pneus, plus durs de flanc et renforcés étant théoriquement « increvables ». La règle reste cependant d’éviter les crevaisons, cette année encore elles ont été nombreuses bouleversant les classements jusqu’en dernière minute.

© photo Bruno CORNET

Nous roulons Georges Chalsèche et moi en « 50 » avec la Volvo Amazon122S portant fièrement ses 58 ans… Malheureusement cela ne sera pas notre année, la fidèle amie ayant décidé de nous faire quelques caprices de veille dame…

Dominique Dufrasne et son équipière Isabelle Dogné, les vainqueurs de l’année passée en 50, ont engagé une belle et puissante BMW 323i, les Vinette leur 2002ti, Patrick Lambert une autre 2002ti, Daniel Reuter Vandevorst et d’autres cadors de la discipline 65 sont là aussi, au total une bonne centaine de voitures « classics » !

© photo Valentin CHARLET

Nous démarrons à peine que la première spéciale de Michamps est neutralisée. Trop de sorties de routes devant nous…dans la catégorie 65 ils doivent vraiment y aller à fond sans même arriver à passer dans les temps, un banc pour touristes détruit et un plongeon dans la rivière pour une Escort ! Le rallye a été arrêté afin de retirer rapidement l’auto et de s’assurer qu’il n’y avait pas de pollution, et il n’y en a pas eu, heureusement pour tout le monde.

Notre Volvo a à peine eu le temps de commencer à bien respirer quand elle se décide à tomber en panne dans la troisième spéciale de Vaux… Le moteur, sans prévenir, se coupe brusquement sans vouloir se remettre en marche. Après plus de 50.000 kms de rallyes c’est la première fois que cela lui arrive… on ne peut pas trop lui en vouloir !

On s’arrête où on peut, l’endroit est dangereux, les commissaires présents essaient de nous aider… malgré de nombreux essais de réparation dans la panique… changement de bobine, remplacement fusibles, inversions d’alimentations bobines, coups de fil à Jean Claude Mathoul, la voiture reste muette ! Sans abandonner, nous n’avons d’autre choix que de nous faire tirer hors de l’étape par un 4/4 de l’organisateur, bien sympathique et efficace.

Plus à notre aise à l’abri des dangers, on continue à chercher l’origine de cette foutue panne, on s’énerve, on chipote, on ergote, on s’énerve et finalement, miracle… un fusible remplacé, une fiche un peu vieillotte resserrée, le moteur reprend sans discuter en tournant comme une horloge ! A notre demande, la direction de course nous autorise à repartir pour le deuxième tour, juste pour le fun, on n’aime pas abandonner.

Malheureusement, ce n’est pas notre jour…en fermant la vitre côté passager, elle descend dans la porte après un claquement sinistre ! On cherche à réparer, il pleut, on ne peut rouler vitre ouverte dans les spéciales, Georges n’aime pas l’eau…plusieurs raisons de s’inquiéter sérieusement pour notre avenir dans ce rallye !

André Claessens mon équipier de l’année passée, roulant aussi en Amazon et les connaissant comme sa poche, tente une réparation. En moins d’une demi-heure il arrive à déclipser le panneau, à remettre la vitre en place fixée avec quelques « tapes » et à placer un morceau de bois coupé à la sauvage pour la consolider ! La nuit est tombée, il pleut toujours, nous sommes hors délais, malgré mon optimisme débordant nous ne sommes plus motivés, il est vrai que la réparation, même bien faite, risque de ne pas tenir dans les chaos des routes de terre. Nous décidons donc d’abandonner.

© photo Mike DECULENAIRE

Très déçus, on aura tout fait pour repartir !
Pour les autres pas mal d’aventures aussi, Yves Deflandre a vu sa Porsche 944 s’enflammer sous le capot, Patrick Lambert est allé se promener en forêt, d’autres ont taquiné des bans et des fossés, sorties de routes et crevaisons sont nombreuses…un bon tiers des participants ont déjà des histoires à raconter…

Dimanche 5 février le rallye écrit à nouveau sa légende.

Le dimanche est traditionnellement la journée « terres et forêts »…moins forestière cette année.
Nous le suivons de l’extérieur, il bruine, il fait froid…un temps à ne pas mettre un spectateur dehors !
Dans les Classics en 50 et 65, les meilleurs sont toujours là…
Les amis Chavan, la « légende vivante » et René Beyers avec leur superbe Ford Escort ont dû abandonner suite à un problème mécanique…ils sont loin d’être les seuls, le peloton s’amincit fortement même si certains sont repartis pour le fun, le règlement le permet.
Malheureusement une spéciale a de nouveau dû être annulée, des « amis du rallye » n’ayant rien trouvé, entre autres, que de jeter des clous sur le parcours… Quoi qu’il en soit cette journée « terre » se passe au mieux, les voitures portent quelques stigmates, petits coups de derrière dans les talus, arbres traversant la route…tout peut arriver !

Dans la catégorie « Legend » après un coup de théâtre de dernière minute dans les dernières spéciales de Libramont et saint Ode c’est Stefaan Stouf et sa terrible Escort qui l’emporte devant une, plus que surprenante, BMW 325 i E30, brisant l’hégémonie des sempiternelles Escort…

En Youngtimers c’est une autre 325i E30 de Blerot Dauby qui l’emporte devant la terrible Opel Omega 3000 de Stéphane Hubin et Eric Defourny.

En Challenger (80 kms/h) c’est l’Escort de Mangerotte Hennuy qui l’emporte devant l’autre Escort de Theis Perée et à nouveau une BMW 325i E30 des Nielen.

En « Classics 65 » hommage à notre Ami Joseph Lambert, l’ami décédé quelques jours avant ce rallye qu’il aimait tant, c’est finalement après une belle bagarre Gaétan Schoonbroodt et François Gehler en Escort qui l’emportent devant la formidable Volvo 142S d’Éric Gengou et Didier Gathy et l’Opel Kadett de Claude Ninane Christophe Simon.

En « Classics 50 » c’est une fois de plus et ce n’est pas un hasard, au volant d’une BMW 323i, que Dominique Dufrasne et Isabelle Dogné l’emportent devant Patrick Simon et Christian Bernard en Porsche 924 dominant de peu Boris et Arthur Vinette sur leur BMW 2002 ti.

Bravo à tous !

JB TimeConcept
Ainsi une fois de plus s’est réécrite l’histoire de ce beau rallye… les légendes ne meurent jamais !

Texte : Raymond Collignon.

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