Un brin de conduite dans une voiture d’avant-guerre...

Bob d’Automag    2009-03-27 01:54:29   

Belle journée en perspective !


8 heures, le soleil perce déjà à travers le volet de ma chambre à coucher. Le ciel est on ne peut plus bleu. C’est l’occasion ou jamais de sortir ma Ford A de 1930. Le temps de débrancher l’appareil de maintien de charge et de refermer la trappe d’accès au-dessus de la batterie et me voila assis devant le gigantesque volant en ébonite (diamètre 440 mm).

D’abord, vérifier le niveau d’huile comme tout bon « Chauffeur d’époque » ensuite laisser tomber quelques gouttes d’huile dans les graisseurs de la dynamo sans oublier l’axe de la pompe à eau, terminer par le niveau du radiateur. Parfait, tout est ok, on peut démarrer le moteur : réglage de l’avance a l’allumage à main au cran zéro, ouvrir le robinet d’essence, et tirer à fond sur la tige du réglage de débit d’essence afin de couper l’arrivée d’air au carburateur ; mettre le contact, tige de réglage des gaz à main a fond en bas de la crémaillère, enfoncer le bouton du démarreur a pied et c’est parti : malgré 3 semaines d’immobilisation, ma Ford démarre immédiatement ! Ploum, ploum, ploum, repousser la tirette d’air, et ouvrir le robinet d’un demi-tour ; le moteur tourne tellement doucement ( 400 t/m) que l’on peut presque deviner les aller et venues des pistons...

Laisser chauffer au moins 5 minutes avant de passer la première : ici pas de pompe à huile : une cuillère au bas de chaque pied de bielle projette un peu d’huile sur la jupe du piston, alors du calme, laissons le temps à l’huile de se liquéfier un peu et pensons à la mécanique des années 30 ! Voila, les 5 minutes sont passées, passage de la première sans difficultés, pour la deuxième que j’engage pratiquement tout de suite, double embrayage, un petit craquement se fait entendre, zut c’est vrai pas de synchros dans cette boîte de vitesses, donc agissons en douceur. Me voici à 30 km/h et de nouveau double embrayage afin d’engager la troisième, qui passe toute seule ! Me voilà à 60 km/h, c’est la bonne croisière, la vitesse la plus sage, au cas ou il faudrait freiner subitement !

Eh oui, il faut anticiper les freinages, car ici pas d’assistance hydraulique : les commandes de freins se font par des tiges métalliques d’un mètre vingt pour chaque roue ! Cette tige actionne un excentrique à l’intérieur de la flasque de frein, et la came presse la garniture contre le tambour : ni servo, ni coupelles, ni maître-cylindre : tout est entièrement mécanique et simple ! Au loin, un stop, je débraye, ramène le levier au point mort, petit coup de gaz pour amener tous les pignons à la même vitesse et débrayer à nouveau, en douceur j’engage la deuxième avec un inévitable craquement, enfoncer la pédale de freins et pousser le levier au point mort jusqu’a l’arrêt. Rien à gauche, rien à droite, j’engage doucement la première, et ça repart sans problèmes, deuxième, troisième ; on ressent toutes les vibrations du moteur partout dans la voiture : normal, il n’y a pas de silentblocs moteur : les supports sont boulonnés directement au châssis !

Petit coup d’oeil sur le thermomètre qui se trouve fixé au-dessus du bouchon de radiateur : celui ci renseigne la température de l’eau par capillarité : c’est le seul appareil de contrôle extérieur ; le voltmètre quand à lui est placé à coté du compteur à boule et en-dessous de la jauge d’essence mécanique (il faut savoir que le réservoir fait partie du tableau de bord et que la jauge est directement reliée à celui-ci).

Une petite dénivellation s’annonce : ouvrir le robinet d’essence aux ¾ et ajouter un peu d’avance à l’allumage grâce au levier à gauche du volant et la voiture grimpe la côte à la même vitesse : le couple est tellement fabuleux, grâce â la cylindrée de 3278cc, ainsi qu’au poids du volant moteur de 31 kg, que ma voiture avale la moindre dénivellation sans jamais peiner !

Petite cerise sur le gâteau : cette voiture roule en plaque NORMALE et donc subit une visite COMPLETE annuelle au contrôle technique automobile sans aucuns problèmes ! Satisfaction personnelle oblige ! Mais que la vie est belle, quel plaisir de rouler dans une voiture de 79 ans, comme la nature est splendide a cette vitesse, on a le temps d’apprécier ce qui n’existe plus sur les autoroutes : la vie sans stress…

J.J. Quevrain


VIVE LES VOITURES D’AVANT- GUERRE

Le dynamique club des « Vieux Volants Namurois » fête cette année son cinquième anniversaire. Cette jeune association qui compte à ce jour non moins de 123 membres, a la particularité de réunir 48 voitures d’avant-guerre, et toutes dans un état exceptionnel ! Il est rare en effet, de voir autant de « caisses carrées » dans un seul club !

La plus ancienne étant une Cadillac de 1904, on peut également y découvrir un résumé de la production mondiale automobile, et même les voir sillonner nos superbes routes Condruziennes : Ford « T », De Dion-Bouton ,Clément-Bayard, Avion-Voisin à moteur sans soupapes, Dodge , Buick , Ford « A », Chevrolet à moteur culbuté, Austin Seven , Chrysler , Franklin à refroidissement par air, Le Zèbre , Impéria , La Licorne , Delahaye, et autres Citroën d’avant-guerre.

Il est vrai que les responsables du club se démènent corps et âme pour organiser dix sorties cette année, afin de satisfaire tous les participants et de les étonner par la découverte de superbes coins cachés ! Tous les événements sont les bienvenus pour autant qu’ils fassent rouler ces dignes représentantes de notre précieux patrimoine : la voiture du président-fondateur du club (voir ci-dessous) a été la vedette du film « Les Maîtres de l’orge » tourné à Bouvignes en 1995.

Le premier rendez-vous de la saison est fixé le 29 mars, au départ du garage Saab-Mazda chaussée de Marche à Erpent, pour une « mise en jantes », vient ensuite l’incontournable « Rallye télévie » de Maillen , organisé pour la quatrième année, celui-ci aura lieu le 19 avril au départ de Spontin.

Soyez les bienvenus, venez voir les reines de la route.

Pour toutes infos : jj.quevrain@skynet.be

Vos commentaires

  • Le 7 août 2019 à 19:15, par VANDEWALLE En réponse à : Un brin de conduite dans une voiture d’avant-guerre...

    Bonjour et merci,
    Je viens de terminer la rénovation d’un cabriolet FORD A 1930,mais problème de « de surchauffe « . Radiateur neuf, pompe neuve, pas de fuite de liquide de refroidissement, pas d’huile dans l’eau, pas de fumée blanche ou bleue, pas problème de démarrage. Alors après avoir apprécié votre vidéo je me permets de vous vous soumettre mon problème en espérant une réponse qui puisse m’aider. En vous remerciant et vive les FORD À. Cordialement.
    Mr VANDEWALLE

  • Le 5 juillet 2022 à 11:43, par VANDEWALLE SERGE En réponse à : Un brin de conduite dans une voiture d’avant-guerre...

    Je n’est pas reçu de réponses, normal, je n’ai pas rempli la fin de "qui êtes vous". Tant pis pour moi. Une question : pour quelle raison, sur le distributeur, une encoche de 20° ?, doit-on, lorsque l’on roule l’utiliser. j’ayant tout refait le véhicule, (une sortie de grange !!!), carrosserie, peinture , mécanique...., maintenant je doit apprendre a " LA" conduire correctement. Cordialement, pour ceux qui me répondrons.

  • Le 5 juillet 2022 à 12:00, par Bob d’Automag En réponse à : Un brin de conduite dans une voiture d’avant-guerre...

    Bonjour Serge Vandewalle,
    je ne peux que vous conseiller de contacter Mr Quevrain pour les réponses à vos questions techniques à propos de la FORD. (son adresse email et le lien vers le club sont indiqués au bas de l’article).

  • Le 5 juillet 2022 à 12:04, par Bob d’Automag En réponse à : Un brin de conduite dans une voiture d’avant-guerre...

    Je viens de me rendre compte que le lien dans l’article ne fonctionne plus (il date de 2009 !). Alors voici un autre lien avec les coordonnées de JJ Quevrain : http://autosetpassionmaillen.e-mons...
    Bien à vous.

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